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LA VIE DE JÉSUS

— Tiens ! voilà une promenade aux flambeaux. Il doit y avoir une noce dans les environs, et l’on va fêter la mariée.

Ils ne se doutaient pas que la mariée que l’on venait chercher, c’était le fils du pigeon.

Jésus ne s’était fait aucune illusion. Il attendit que la troupe eût envahi le jardin.

De son côté, Judas mettait les soldats en garde contre la puissance surnaturelle de celui qu’on allait prendre. — Cela pourra paraître drôle à nos lecteurs, mais c’est dans l’Évangile. — Judas dit au capitaine et à ses hommes : « Méfiez-vous ! Il accomplit des miracles à volonté ; empoignez-le donc vivement ; une fois qu’il sera bien tenu, tous ses moyens d’action divine seront paralysés ; l’essentiel est de sauter sur lui et de le saisir aussitôt que je vous l’aurais désigné. »

Mais, il n’eut pas le temps d’agir à sa guise.

À peine les soldats avaient-ils mis le pied dans le jardin, que Jésus vint au-devant d’eux.

— Qui cherchez-vous ? interrogea-t-il.

Judas voyait son calcul déjoué ; il garda le silence.

Le capitaine, qui n’avait aucun motif pour mettre sa langue dans sa poche, répondit :

— Nous cherchons Jésus de Nazareth.

L’Oint fit un pas de plus en avant, et dit tout simplement :

— C’est moi.

Ces mots eurent un effet étonnant. Jésus, en les prononçant, avait soufflé, et tous les soldats, semblables à des capucins de cartes, étaient tombés les uns sur les autres. Ce fut une culbute générale. Les malheureux pioupious se croyaient foudroyés. Couchés par terre, jonchant le sol, ils se tâtaient le corps.

— Bon ! et mon bras, qu’est-il devenu ?

— Et ma jambe ?… Ah ! la voici…

— Je crois que je suis mort.

Telles étaient les exclamations que l’on entendait. Jésus souriait. Il avait tenu à faire constater son pouvoir mirifique ; il considérait comme utile de bien établir que, s’il tombait aux mains de ses ennemis, c’est qu’il y mettait de la bonne volonté. L’expérience faite, il allait se livrer de lui-même.

— Ah ! çà, voyons, qui cherchez-vous ? répéta-t-il.

Les militaires s’étaient remis tant bien que mal sur leurs jambes.

— Nous cherchons Jésus de Nazareth, répondit le capitaine pour la seconde fois.

— Eh bien, je vous l’ai déjà dit, Jésus de Nazareth, c’est moi.

Ce coup-ci, personne ne dégringola. La police n’avait plus à hésiter ; il n’était même pas nécessaire que Judas donnât à son patron le baiser par lequel il devait le désigner aux gardes, puisque Jésus s’était, à deux reprises, fait connaître.

Néanmoins, l’hésitation était grande parmi la soldatesque. Ce