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LA VIE DE JÉSUS

— Parfaitement répondu, mon ami. Or ça, apprends que quiconque me voit…

— Eh bien ?

— … voit en même temps mon père.

— Du moment que vous me l’affirmez, je vous crois.

Jésus, qui ne faisait qu’un avec son père (lequel, par parenthèse, n’était pas son père, puisque le vrai papa, c’était le pigeon), Jésus, dis-je, se compara aussi à une vraie vigne. C’est l’évangéliste Jean qui nous rapporte ce discours, lequel fut son dernier speech.

— Je suis la vraie vigne, déclara l’ex-charpentier.

Il paraîtrait, d’après cela, que toutes les vignes ne sont pas des vignes ; il y en a de vraies, et il y en a de fausses. Jésus était dans la catégorie des vignes pas postiches.

— Je suis la vraie vigne, dit-il donc, et mon père est un vigneron. En ma qualité de vigne vraie, j’ai des branches ; mais toutes mes branches ne portent pas de fruits. Eh bien, mon père coupera toutes celles de mes branches qui n’auront pas de raisin. Pour être une branche productive, il faut tenir au cep de la vigne. Mes amis, puisque vous êtes mes branches, tenez à mon cep[1]. Quant aux branches qui ne tiendront pas à mon cep, elles seront jetées au feu, comme de vieux sarments inutiles.

Quel beau discours ! quelles magnifiques paroles dans la bouche d’un dieu ! et quelle splendide chose que la religion ! — Ceux de mes lecteurs qui désireront savourer en entier cette page d’éloquence la trouveront dans l’évangile de Jean, chapitres XV et XVI.

Jésus conclut ainsi :

— J’ai encore bien des choses à vous dire ; mais le temps presse, et, du reste, vous n’êtes pas de force à supporter tout le poids de mes paroles.

Les apôtres et le patron étaient arrivés près du pont inférieur, sur lequel la route de Gethsémani traverse le torrent du Cédron. Jésus adressa encore une invocation à son père et franchit le pont. Il se trouvait alors au pied de la colline. Là, il y a, de nos jours encore, un maigre jardin où sont sept oliviers ; les pèlerins catholiques qui vont à Jérusalem ont la conviction que ces sept arbres datent de l’époque où l’Évangile fait mourir le fils Bon-Dieu. C’est cet endroit qui se nomme Gethsémani, mot hébreu qui signifie : le pressoir des olives.

Jésus invita les disciples à s’asseoir.

— Je n’ai pas de siège à vous offrir, leur dit-il ; mais asseyez-vous par terre et causez entre vous en attendant. Je vais prier de mon côté, et pour cela j’ai besoin d’être seul. Dans un moment, je suis à vous.

Puis, après un moment de réflexion, il reprit :

— Vous êtes onze ; c’est trois de trop. Restez huit à causer ;

  1. C’est sans doute de là que vient l’expression amicale ma vieille branche.