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LA VIE DE JÉSUS

lébrer avec eux cette cérémonie gastronomico-nationale. Il se proposait même de faire quelques changements au rituel.

Le matin du jeudi, Pierre et Jean lui demandèrent :

— Dites donc, patron, il serait temps de songer au festin de la Pâque ; où allons-nous organiser notre petit balthazar ?

— Dame, je ne sais pas trop ; laissez-moi un peu réfléchir.

— À Jérusalem ? il n’y faut point penser. Ce serait une bévue ; le péril, pour vous surtout, y est très grand.

— N’importe, fit Jésus, qui avait son idée. Écoutez ce que je vais vous dire. Vous allez me faire le plaisir de descendre en ville. En y arrivant, vous reluquerez tous les passants, jusqu’à ce que vous en voyiez un portant une cruche d’eau. Vous le suivrez…

— Très bien.

— Vous entrerez dans la maison où il ira…

— Compris.

— Vous demanderez le maître du logis et vous lui tiendrez ce langage : « Monsieur, l’heure est venue pour notre grand Rabbi, qui est notre chef ; il désire gueuletonner chez vous en notre compagnie ; ayez la bonté de nous indiquer la salle que vous devez mettre à notre disposition. » Le monsieur, alors, vous montrera une salle haute, grande, pourvue de tapis, et disposée à l’avance. Vous y préparerez ce qu’il faudra.

Pierre et Jean obéirent.

En route, ils se disaient l’un à l’autre :

— C’est égal, il n’y en pas deux sur terre comme le patron. Il n’est jamais embarrassé.

Aux portes de Jérusalem, ils aperçurent un individu qui venait de la fontaine de Siloé et qui portait une cruche sur l’épaule.

— Voilà notre affaire, pensèrent-ils.

Et ils le suivirent. Tout se passa comme Jésus l’avait prédit. Les deux apôtres ne s’en étonnèrent pas ; ils commençaient à s’habituer à toutes ces merveilles qui, au début, les avaient tant épatés.

Le maître du logis avoua à Pierre et à Jean qu’il était un admirateur de Jésus, et qu’il était extrêment heureux de lui offrir sa salle haute.

De nos jours, les musulmans qui occupent Jérusalem, montrent aux pèlerins catholiques un emplacement quelconque, en leur affirmant que c’est bien là que se trouvait la maison où Jésus prit son dernier dîner : les pèlerins catholiques sont contents, regardent l’endroit qu’on leur montre, baisent la terre et donnent des sous aux musulmans malins.

Bien qu’aujourd’hui on ne voie que l’emplacement, — très problématique, en outre, — de la fameuse salle du cénacle, les théologiens donnent une description détaillée de ce que devait être cette pièce : une salle voûtée, aux murs blancs ; au milieu, une table basse, peinte de vives couleurs, dont un côté restait