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LA VIE DE JÉSUS

frère » est exact… Ou mieux l’un et l’autre peuvent se dire…

— Qu’est-ce que ce galimatias ?

— Il s’appelait ou il s’appelle Lazare…

— En effet. Tout le monde le connaît, ce Lazare.

— On l’a enterré il y a quatre jours…

— Le bruit en a couru à Jérusalem…

— Mais depuis aujourd’hui il se promène la canne à la main dans les rues de Béthanie, comme s’il n’avait jamais été mort…

— C’est étrange. Et de quel droit n’est-il plus mort ?

— Cela vient de ce que Jésus est venu au sépulcre, et a dit au cadavre : « Lazare, Lazare, lève-toi ! »

— Vous avez vu cela ?

— J’ai fait mieux que voir. J’ai donné un coup de main à ce cadavre récalcitrant qui était entortillé dans ses bandelettes.

— Il faisait le mort et il a fait le ressuscité.

— Pardon, je ne suis pas un crétin. Il sentait parfaitement le cadavre. Il avait une odeur de faisandé très caractéristique. Il était impossible de s’y méprendre.

— Cela va être joliment désagréable pour les personnes qui s’approcheront de lui.

— Oh ! cela passera.

— Et quelle est votre opinion sur ce prodige ?

— C’est que c’est un prodige prodigieux.

— Bigre de bigre !

Les pharisiens étaient très perplexes. Ils répétèrent la nouvelle aux princes des prêtres.

Un grand conseil fut tenu chez le grand-prêtre de l’année, nommé Caïphe.

— La situation est fort épineuse, avança l’un. Si nous laissons cet homme continuer à opérer ses miracles, toute la nation se mettra à sa remorque, les Romains se méfieront d’une insurrection, ils partiront de nouveau en guerre contre nous, et cette fois c’en sera fait de Jérusalem.

— Vous n’y entendez rien, riposta Caïphe ; les Romains nous laisserons tranquilles, si nous prenons les devants…

— Comment ça ?

— En nous défaisant de ce Jésus. Ne vaut-il pas mieux qu’il périsse tout seul, au lieu que la nation tout entière soit passée au fil de l’épée ?

La grande majorité des pharisiens et des princes des prêtres opinèrent dans ce sens. Dès lors, dit l’évangéliste Jean, ayant pris cette résolution, ils ne cherchèrent plus qu’à l’escoffier. Aussi Jésus, dont l’heure (quoique approchant) n’était pas encore venue, se réfugia-t-il dans une obscure bourgade, du nom d’Ephrem, au milieu de ses disciples (Jean, XI, 1-56.)

Quelques réflexions pour terminer cette mirifique histoire de la résurrection de Lazare :

L’aventure — est-ce assez curieux ? — ne se trouve que dans l’évangile de saint Jean. Elle valait cependant la peine