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LA VIE DE JÉSUS

— Tiens, au fait, fit quelqu’un ; on vous a écrit il y a deux jours que Lazare était malade. Si à présent il dort, c’est bon signe ; il sera sauvé.

L’apôtre qui s’exprimait ainsi croyait que l’Oint, en parlant du sommeil de Lazare, faisait allusion à l’assoupissement qui, dans certaines maladies, est un indice de guérison.

Jésus rectifia cette erreur.

— Quand je vous dis que Lazare dort, c’est qu’il a défuncté.

— Lazare est mort ?

— Oui, mes amis.

— Mais alors ?

— Alors, j’en suis charmé.

— Ah bah !

— J’en suis charmé, parce que cela me donnera occasion de le ressusciter. Et, quand je l’aurai ressuscité, vous serez bien forcés, tous tant que vous êtes, de reconnaître que je peux tout. Mais, assez causé : allons vers lui.

Les apôtres hésitaient encore. Thomas, qui ne manquait pas de courage, réchauffa leur zèle.

— Allons, dit-il généreusement, et mourons avec notre chef !

La sainte troupe se mit en marche. Lorsqu’ils arrivèrent à Béthanie, il y avait déjà quatre jours que Lazare était dans le sépulcre. De nombreux amis de la famille s’occupaient à consoler les deux sœurs.

Sitôt que Marthe apprit que Jésus était à Béthanie, elle courut au devant de lui, tandis que Magdeleine restait à la maison. Et Marthe dit à Jésus :

— Ah ! Seigneur, pourquoi n’êtes-vous pas venu plus tôt ?… Quand, ma sœur et moi, nous vous avons fait prévenir, il était encore temps de sauver Lazare… Si vous étiez venu, il serait certainement vivant à cette heure ; vous l’auriez guéri.

— Eh bien, qu’est-ce que cela fait que Lazare soit mort ?… Il ressuscitera !

— Hélas ! c’est là la consolation que l’on me répète depuis quatre jours… Il ressuscitera à la fin du monde… Tous nos amis de Jérusalem me répètent cela…

— Ce que je vous dis, Marthe, n’est pas la même chose. Je suis, à moi tout seul, la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, quand il sera mort, revivra. Croyez-vous en moi, Marthe ?

— Certainement, Seigneur. Je crois que vous êtes le Christ, le fils du père Sabaoth. Là, êtes-vous content ?

— Oui, Marthe. Or donc, ne pleurez plus ; je vais vous rendre la joie.

Marthe songea à Marie qui était demeurée au logis. Elle retourna en toute hâte auprès d’elle.

— Marie, Marie, dit-elle, le Maître est venu, et il vous demande.

Elle avait eu soin de lui glisser ces mots dans le tuyau de