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LA VIE DE JÉSUS

poseraient des privations, et au moins seraient-ils heureux dans l’autre vie.

Abraham haussa les épaules :

— Si tes frères ne lisent ni Moïse ni les prophètes, ils n’écouteront pas davantage les morts.

Et là-dessus le père Abraham s’esclaffa, tandis que Lazare esquissait un pied de nez à l’adresse du riche qui rôtissait de plus belle. (Luc, XVI, 19-31.)

CHAPITRE LI

QUELQU’UN QUI MEURT BIEN À PROPOS

Béthanie — j’ai oublié de le dire — était assez près de Jérusalem.

Jésus n’abusa pas de l’hospitalité du Lazare no 1, celui qui avait pour sœurs Magdeleine et Marthe ; mais, dans sa tournée en Pérée, il continua à entretenir des rapports par correspondance avec cette famille amie.

Or, tandis que le fils du pigeon vagabondait de village en village, débitant partout les anecdotes saugrenues que je viens de transcrire, il reçut un matin la visite d’un messager, porteur d’une simple lettre ainsi conçue :

« À Monsieur Jésus-Christ,
« en Pérée.
« Faire suivre.
« Seigneur, celui que vous aimez est malade.
« Marthe et Marie. »

Jésus froissa la missive et répondit au messager :

— Peuh ! elles ont tort de s’inquiéter. On ne meurt pas de toutes les maladies. Lazare en réchappera, bien sûr.

Le messager repartit porter aux deux bichettes chéries la réponse de leur seigneur.

Cette réponse ne les rassura pas le moins du monde, vu que Lazare était atteint très sérieusement. Son état empirait d’heure en heure. Marthe et Marie Magdeleine étaient aux cent coups et trouvaient que Jésus le prenait bien à son aise.

Il était donc devenu indifférent, le grand châtain-clair ?

Oh ! que nenni ! — Le fils du pigeon savait parfaitement à quoi s’en tenir sur l’état de son ami Lazare ; mais il tenait à ne