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LA VIE DE JÉSUS

2o Un autre cultivateur a un figuier ; le figuier reste trois ans à ne pas donner de fruits ; alors, le cultivateur dit : « Cette année encore, on mettra du fumier autour de l’arbre, et si à l’automne nous n’avons pas de figues, je serai sans pitié ; le figuier stérile sera coupé et jeté au feu. » Et ce n’est pas plus malin que cela !

Entre deux paraboles, il guérit une femme qui avait une curieuse infirmité. Cette femme était dans toute la force de l’âge, et cependant elle était plus courbée qu’une femme de quatre-vingts ans. C’était un diable qui l’avait pliée en deux, mais pliée littéralement. Elle marchait le derrière en l’air et le menton rasant le sol. Dans cet état, il lui était impossible, on le comprend, d’exercer une profession quelconque. Elle n’aurait pu gagner sa vie qu’en ramassant des bouts de cigare ; mais, en ce temps-là, le tabac n’était pas inventé. Elle était donc très misérable.

Jésus en eut pitié ; il prononça deux mots, et la bonne femme se redressa tout d’un coup, droite comme un peuplier.

Le séjour de Jésus dans la Pérée ne fut pas long. Il retourna à Jérusalem, lors de la fête de la Dédicace. Voici à quel propos avait lieu cette fête :

On sait que Judas Macchabée est un des héros juifs qui ont lutté contre la dynastie étrangère ; mais ce qu’on ignore généralement, c’est que Macchabée, après avoir battu le roi de Syrie, purifia le sanctuaire du Temple. Or, en y entrant, il ne trouva qu’une fiole d’huile sainte qui n’avait pas été cassée par les envahisseurs. Grave affaire ! L’huile sainte ne se fabriquait qu’avec un cérémonial de longue durée. À tout hasard, Judas Macchabée garnit les lampes du Temple avec sa seule et unique fiole d’huile, et cette fiole dura toute la semaine.

En mémoire de ce miracle, les Juifs s’amusaient chaque année pendant huit jours, tout comme pour la Pâque et la fête des Tabernacles.

Le fils du pigeon assista aux réjouissances et manqua d’être lapidé pour avoir soutenu mordicus dans un lieu public que monsieur son papa et lui ne faisaient qu’un. (Luc, XIII, 6-9, 10-18 ; Jean, X, 12-42.) Cette fois, l’affaire fut tellement chaude qu’il se réfugia précipitamment au pays d’où il était venu.

À ce second séjour dans la Pérée, il se signala par un miracle accompli en plein dîner, composé de nouveau uniquement de pharisiens. Ce farceur de Jésus aimait à tel point les bons festins, qu’il acceptait aveuglément toutes les invitations sans se soucier si elles venaient d’un ami ou d’un ennemi.

Ce dîner avait lieu un samedi. Les pharisiens avaient amené à dessein avec eux un hydropique, rond comme une énorme futaille, mais plein d’eau au lieu de vin.

Jésus vit de suite le panneau où l’on voulait le faire tomber, et, devançant la discussion qu’il prévoyait, il posa lui-même, brusquement, aux convives cette question :

— Est-il permis de guérir un jour de sabbat ?