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LA VIE DE JÉSUS

son débiteur, le conduisit lui-même au poste et le retint en prison jusqu’à ce qu’il fût rentré dans ses deniers. Le roi apprit l’anecdote. Il fit venir le gouverneur et le savonna de la belle façon. « Mauvais serviteur, lui dit-il, je n’ai pas exigé de toi le paiement immédiat des dix mille talents que tu m’as filoutés, et toi, tu n’as pas eu pitié d’un pauvre bougre qui te devait cent deniers ? Eh bien, elle est pommée, celle-là ! » Et dans sa colère, il le livra aux bourreaux, et messire le gouverneur fut pendu haut et court.

Ainsi parla Jésus. La parabole intéressa très vivement les disciples qui aimaient beaucoup ce genre d’historiettes[1].

De nos jours, les curés les répètent en chaire pour l’édification des fidèles. Mais après avoir fulminé contre ce scélérat de gouverneur qui conduisait les gens au poste pour une misérable dette de cent deniers, ils ne se font aucun scrupule d’accabler d’injures, à la sacristie, les demoiselles de l’Archiconfrérie de la Vierge qui sont en retard pour leurs cotisations.

CHAPITRE XLVI

LA FÊTE DES TABERNACLES

À l’époque où se passaient les incidents qui ont fait l’objet des trois derniers chapitres, on était à une époque où avait lieu la fête nationale appelée « fête des Tabernacles. » Cette solennité revenait chaque année à l’automne. Elle avait été instituée en souvenir de la marche des Hébreux dans le désert. Elle durait sept jours, et pendant ce temps-là tout le peuple habitait des cabanes de feuillage, comme leurs pères avaient fait sous la tente.

En traduisant à la lettre le mot hébreu qui servait de nom à cette solennité, nous trouvons qu’elle s’appelait « la fête des Tentes », et non « la fête des Tabernacles », comme disent les Juifs d’aujourd’hui.

C’était la joie du pays ; les gens d’alors laissaient leurs maisons et dressaient devant leurs portes des cabanes tressées avec des branches d’olivier, de pin, de myrte et de palmier ; ils couchaient sept nuits dans ces abris verdoyants qui remplissaient les rues, les places et jusqu’aux remparts de la ville. Pendant une semaine, Jérusalem avait l’aspect d’une forêt de verdure, à la grande satisfaction des cambrioleurs qui s’introduisaient dans les maisons laissées vides et raflaient tout ce qui

  1. Matthieu, XVIII, 1-35, Marc, IX, 32-49, Luc, IX, 46-50.