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LA VIE DE JÉSUS

les Évangiles, en appelant Jésus à la fois Fils de l’Homme et Fils de Dieu, ont voulu dire que ledit Jésus est le fils de « l’Homme de Dieu », cela risquerait de nous amener une nouvelle hérésie.

Au moins, Très Saint-Père, ne vous figurez pas que c’est pour mon compte, à moi, que je vous soumets cette observation.

Croyant jusqu’au bout des ongles, je laisse l’ange Gabriel tout à fait en dehors de l’opération du Saint-Esprit. J’aime bien mieux croire, — et fermement, je vous l’assure, — que c’est le pigeon qui s’en est acquitté tout seul.

C’est infiniment plus drôle.

CHAPITRE IV

MARIE CHEZ ÉLISABETH

Donc, le pigeon avait agi, et il faut le reconnaître, le pigeon faisait bien les choses. Si bien même qu’au bout de quelques jours la petite Marie se rendit parfaitement compte de l’heureux accident qui lui était arrivé. Elle ne disait rien à personne, nous affirme l’Évangile, mais elle savait très bien à quoi s’en tenir. Voyez-vous, la friponne !

Du matin au soir, elle restait absorbée dans ses pensées, se rappelant avec délices la visite du joli Gabriel et l’événement qui s’en était suivi.

Le père Joachim et la mère Anne, le soir en rentrant de leur travail, se demandaient pourquoi la petiote était devenue si songeuse.

— Elle pense à Joseph, disait Joachim en clignant de l’œil.

— Que nenni ! répondait Anne, plus maligne ; il y a quelque anguille sous roche… et cette anguille ne s’appelle pas Joseph.

— Tu crois ?

— C’est comme j’ai l’honneur de te le dire, Joachim.

— Mais alors, ce serait très grave !

— Peuh ! pas si grave que ça ! Marion n’est pas une bête ; et puis, notre chère espiègle a, sans doute, comme je le crois, sa petite idée en tête… À son âge, cela est permis, elle est arrivée au moment où le cœur parle… Mais Marion est vertueuse au fond, dans tout ça : nous pouvons être tranquilles… Elle est bien trop sage pour faire le moindre faux pas… Je la connais, ma fille, que diable ! Ce n’est pas pour des prunes que je suis sa mère !

Quant à Joseph, il continuait à montrer envers Marie toute l’assiduité d’un fiancé qui prend son rôle au sérieux. Il ne lais-