Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LA VIE DE JÉSUS

théologique, ceux-là seront complètement à nous, ils nous appartiendront d’esprit et de corps, et ce qu’ils posséderont sera notre propriété.

Telle est la seule explication que l’on puisse trouver de ce problème sacerdotal : soumettre comme dieu à la vénération du peuple un individu aussi méprisable que possible. Il est évident qu’une religion quelconque ne peut être fondée que sur l’abrutissement des masses, Il faut donc, pour instituer un culte, bouleverser d’abord toutes les notions de la morale naturelle.

Partant de ce principe, les théologiens du christianisme, on le comprendra, ne se sont pas souciés de présenter leur mythe Jésus comme un personnage tombé dans les bas-fonds de l’avilissement.

Ils nous disent même que sa famille en rougissait.

Quand ses parents surent qu’il se dirigeait vers Nazareth, ils éprouvèrent une honte immense. Ils maudissaient le vaurien qui prenait à tâche de les éclabousser de son déshonneur.

Pour sauver les apparences, ils avaient l’air de le plaindre.

— Pauvre garçon, disaient-ils à ceux qui venaient leur rapporter les polissonneries de Jésus, il est fou, il a perdu complètement l’esprit ; il n’est pas responsable de ses actes.

Au fond, ils pensaient que leur parent était un fieffé gredin, et qu’il y avait urgence à le mettre dans l’impossibilité de continuer ses tristes exploits.

C’est pourquoi ils se rendirent en force à sa rencontre, dans le dessein de s’emparer de lui et de le faire enfermer.

Ce détail est encore dans l’Évangile.

« Ses parents vinrent pour se saisir de lui, et ils disaient à tous qu’il avait perdu la raison. » (Marc, chapitre III, verset 21.)

Toute la famille s’en mêla, les frères de Jésus comme les cousins ; Marie, sa mère, était elle-même de la partie.

Les quatre frères du Christ, Jacques, Joseph, Simon et Jude (Marc, chap. VI, vers. 3), s’étaient mis à la tête de l’expédition.

Quand ils arrivèrent, il leur fut impossible de pénétrer jusqu’à Jésus. Celui-ci s’occupait à guérir un possédé qui, selon saint Mathieu, était aveugle et muet, et qui, selon saint Luc, était muet seulement. L’Oint était gardé de près par ses apôtres, à qui il avait donné ce mot d’ordre : ne pas laisser arriver à lui ses parents, s’ils avaient la fantaisie de venir de Nazareth. On voit qu’il se méfiait de sa famille.

Cela se passait sur la voie publique. Les favorites de monsieur Alphonse étaient au repos, dans une auberge. Une foule immense entourait le Verbe et ses apôtres.

Jésus ordonna de faire approcher le possédé.

— Êtes-vous sourd ? demanda le fils du pigeon.

L’autre secoua la tête en signe négatif.

— Très bien. Écoutez alors ce que je vais vous dire. Mon