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LA VIE DE JÉSUS

quablement finir sur l’échafaud, et c’est ce qui lui arriva, puisque la croix était l’échafaud de l’époque. Quel joli monsieur ! Quel type assez complet les prêtres catholiques offrent là à la vénération de leurs ouailles ! Faut-il être assez ouaille pour se prosterner devant un garnement de cette espèce !… Et faut-il que les curés se moquent de leur monde, pour que, ayant à fabriquer la légende d’un dieu-homme absolument fictif, ils en aient fait un vagabond doublé d’un Alphonse, quand ils auraient pu créer leur personnage honnête père de famille, ouvrier travailleur et rangé, citoyen vertueux !

Mais non ! il semble que les religions prennent plaisir à présenter sous forme de dogmes des monstruosités.

C’est curieux. Les fabricants de cultes, quand ils se mettent à l’œuvre, se tiennent le raisonnement suivant :

— Pour avoir le peuple sous notre coupe, il faut d’abord que nous lui fassions croire à un être supérieur, sorte de pantin surnaturel dont nous tirons les ficelles. Cet être supérieur, pour qu’il soit bien à la portée des intelligences les plus simples, il est nécessaire que nous lui donnions une forme matérielle, il est indispensable que nous le supposions ayant résidé au moins quelques années dans une peau humaine. Si nous donnons à vénérer un homme intègre, juste, laborieux, honorable, digne d’estime comme fils, père et époux, doué de toutes les vertus qui font les grands citoyens, nous n’aurons pas un lourd mérite à lui gagner l’adoration du peuple. Le propre des théologies doit être de jongler avec les illogismes, d’accumuler les absurdités, de présenter comme moral ce qui est immoral et comme mauvais ce qui est bon. On ne peut pas dominer les intelligences, si on ne les a préalablement faussées. Créons donc notre dieu vrai chenapan et parfait bandit : qu’il ait d’abord une origine ridicule ; qu’il soit ensuite mauvais fils et mauvais frère ; qu’il préfère la fainéantise au travail ; qu’au lieu de donner l’exemple de la soumission aux lois de son pays, il se fasse un jeu de les violer incessamment ; qu’il vive de mendicité, de pillage ; qu’il vagabonde avec des prostituées et se fasse entretenir par elles ; qu’il choisisse ses compagnons de paresse parmi la crapule la plus basse et même parmi ceux de ses compatriotes assez misérables pour être traîtres à la patrie ; qu’il approuve et pratique l’adultère ; qu’il soit essentiellement vicieux ; qu’il ait une fin digne de son existence malhonnête, factieuse et corrompue ; que, par arrêt de justice, il meure à un gibet infamant, entre deux voleurs, dont l’un sera son ami. Et alors, ayant confectionné de toutes pièces une légende qui devrait se rapporter à une incarnation du diable, nous dirons au peuple : « Celui-là est dieu, adorez-le ! » Et tous ceux qui seront assez aveugles pour ne pas voir que le vice, l’improbité, la corruption doivent toujours être l’objet du mépris public, même lorsqu’ils sont divinisés, ceux qui accepteront notre légende, ceux qui courberont leur front devant notre fiction