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LA VIE DE JÉSUS

Verbe avait à faire parade de ses succès auprès des femmes.

Il savourait à l’avance la surprise qu’il causerait aux nazaréens en arrivant au milieu d’eux flanqué de Magdeleine, qui était une fille superbe et énormément riche.

Être aimé pour soi-même, quel rêve !

Ce rêve, s’il l’avait fait, était réalisé.

Pauvre, il avait une maîtresse possédant une grande fortune ; pas beau du tout, il était aimé par une femme adorable et jolie à croquer.

Et que dis-je, par une femme ?

Mais à présent, il les comptait par flottes, celles qui s’étaient rendues amoureuses de lui ! Il en avait tout un sérail à ses trousses. La sultane favorite était la Magdeleine, c’est vrai ; toutefois, il est juste de reconnaître qu’elle n’était pas seule à combler Jésus de faveurs.

L’Évangile cite les noms de deux de ces Dulcinées : Suzanne et Joanna. Sur Suzanne, aucun renseignement, si ce n’est qu’en hébreu son nom rappelle la fleur du lis. Pour Joanna, saint Luc nous apprend qu’elle était femme d’un sieur Chuza, lequel figurait parmi les intendants d’Hérode ; cette Joanna, un jour qu’elle avait vu Jésus, s’était dit : « Voilà l’homme qu’il me faut ! » et, après avoir réalisé son patrimoine, elle avait lâché son mari pour suivre le Christ.

— Qui m’aime me suive ! disait le Verbe.

Il était suivi par d’autres femmes encore, épouses en rupture de foyer conjugal ou noceuses à l’heure et à la course, toutes croqueuses de pommes émérites, et passionément folles de sa personne.

Elles étaient à ce point éprises de Jésus quelles l’entretenaient ; lui, il acceptait sans vergogne leurs cadeaux.

Que l’on ne croie pas que j’exagère. Cela est en toutes lettres dans l’Évangile.

Voyez le chapitre VIII de saint Luc, versets 2 et 3 :

« Il avait avec lui quelques femmes : Marie, surnommée Magdeleine, de laquelle sept démons étaient sortis ; Joanna, femme de Chuza, intendant de la maison d’Hérode ; Suzanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens. »

Pas moyen de nier, messieurs les curés !

Cela est écrit, qui l’assistaient de leurs biens, et cela est signé : saint Luc.

Un homme qui tolère qu’une femme « l’assiste de ses biens », vous savez de quel nom de poisson on le qualifie. Ce qualificatif, qui est grossier et qui ne tombera pas de ma plume, bien que celui à qui il pourrait être appliqué le mérite cent fois, je demande à mes lecteurs l’autorisation de le remplacer par le prénom d’Alphonse, plus à la mode et moins brutal.

Alphonse Jésus était donc tout à fait au-dessus des préjugés. Il avait débuté par le vagabondage ; il continuait en se faisant entretenir par les femmes ; parti de ce pied-là, il devait imman-