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LA VIE DE JÉSUS

vous demande la permission de faire… Cette femme, en revanche, m’a parfumé les orteils des senteurs les plus exquises… Voulez-vous poser votre nez sur mes ripatons ? vous verrez qu’ils embaument…

— Je n’en doute pas, maître.

— Vous ne m’avez pas non plus embrassé sur la joue, comme c’est l’habitude : elle, elle m’embrasse mieux que sur la joue ; ce sont mes pieds mêmes qu’elle baise, et regardez-moi avec quelle ardeur… C’est donc que cette jolie blonde m’aime beaucoup plus que vous ne m’aimez, c’est qu’elle me porte une très vive reconnaissance…

— Une reconnaissance de quoi ?

— Dame, d’un service que je lui ai rendu et dont vous ne vous rendez pas compte.

— Lequel donc, s’il vous plaît ?

— J’ai le pouvoir, Simon, de remettre les péchés ; cela vous étonne peut-être, mais il en est pourtant ainsi… En m’asseyant à votre table, je vous ai remis, sans que vous y ayez pris garde, les quelques peccadilles que vous aviez sur la conscience. De même, en abandonnant mes pieds aux caresses de cette femme, j’ai nettoyé son âme de toutes ses noirceurs, et je vous prie de croire que le nettoyage était nécessaire… Cette jolie blonde l’a compris, et voilà pourquoi elle m’aime tant… Elle est le débiteur à qui le créancier généreux a fait cadeau d’une dette de cinq cents deniers.

Simon n’était pas encore bien convaincu ; il était rebelle à la foi.

— Pourquoi donc, objecta-t-il, tant de mansuétude envers cette fille galante ?

— Précisément à cause de la nature de ses péchés. J’ai une amitié toute particulière pour les noceuses. Plus une femme se livre à l’amour, plus elle possède mon affection. À celle-ci, il sera beaucoup pardonné, parce qu’elle s’est beaucoup livrée à l’amour.

Le pharisien Simon ne répondit rien ; mais, fermant de plus en plus son cœur à la croyance en Jésus-Christ, il pensa que les principes de son hôte n’étaient pas remarquables par leur moralité. (Luc, chap. VII, versets 36-50.)

L’Évangile ne raconte pas la fin de l’aventure.

Il est cependant certain que la Magdeleine, après avoir vu ses avances si bien accueillies, ne s’en revint pas bredouille, et, pour ma part, je n’hésite pas à croire qu’elle emmena Jésus à son hôtel.

Quand un monsieur accepte qu’une jolie femme lui chatouille voluptueusement la plante des pieds avec un pinceau fait de blonds cheveux, ce n’est pas pour en rester là.

Du reste, le catholicisme s’évertue à ériger en dogme la virginité de Marie, mère du Verbe ; mais il ne s’est jamais attaché