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LA VIE DE JÉSUS

CHAPITRE XXXV

JÉSUS PREND UNE MAÎTRESSE

Ennemis de Jésus étaient les pharisiens, avons-nous dit. Toutefois, quoique ennemis, certains d’entre eux n’étaient pas exempts d’une certaine curiosité. Ils tenaient à voir par eux-mêmes ce que valait la réputation du grand rebouteur. C’est ainsi que nous avons vu Nicodème se rendre en cachette auprès du fils du pigeon et l’interroger sincèrement.

De même, à Naïm, un nommé Simon, qui était un gros légume dans la secte des pharisiens, se promit d’expérimenter la puissance du nazaréen, ou tout au moins de le juger en tête-à-tête.

Un matin donc, Jésus reçut un billet ainsi conçu :

« Le pharisien Simon recevra demain chez lui. Il sera heureux d’avoir à sa table Jésus de Nazareth. »

Notre gaillard fit savoir à Simon qu’il acceptait son invitation. À l’heure voulue, il franchit le seuil de sa demeure.

D’après l’usage de l’époque, quand on recevait quelqu’un chez soi, on lui témoignait son estime en lui faisant prendre un bain de pieds dès son arrivée, en lui offrant quelques parfums et même en l’embrassant sur la joue.

Le pharisien, qui était simplement curieux de voir comment était fabriqué un Messie, omit toutes ces politesses. Il fit à Jésus une réception assez froide, se contentant de lui adresser ces compliments d’une banalité extrême :

— Enchanté, monsieur, de faire votre connaissance ; il y a longtemps que j’entends parler de vous, j’ai tenu à vous avoir à déjeuner… Ce sera sans façon, j’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Jésus répondit par une salutation. En définitive, il lui était très indifférent d’être reçu avec plus ou moins d’égards ; l’essentiel était que le repas qu’on lui offrait fût convenable et satisfît son appétit.

Il s’assit tranquillement à table, et, tout en causant de la pluie et du beau temps, s’occupa à engloutir le plus de fricots qu’il lui fut possible. Au fait, il n’avait pas tout à fait tort : on l’avait invité, non par sympathie, mais par curiosité ; il n’avait donc qu’à se comporter en conséquence.

Il mit la conversation sur un terrain vulgaire et ne laissa rien paraître de sa toute puissance.

Cependant, le bruit s’était répandu dans la ville que Jésus