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LA VIE DE JÉSUS

sur une magnifique table en bois d’acacia revêtue d’or. Ils étaient constamment renouvelés et servaient au dîner des prêtres. Les curés israélites se faisaient offrir indirectement par les fidèles tout ce qui était nécessaire à leur alimentation : les agneaux, les moutons, les bœufs, leur fournissaient gigots et biftecks, et, sous prétexte de proposition, ils avaient même le pain fabriqué avec le froment le plus pur. David, sacré roi et prophète, pouvait donc, sans transgresser la loi, consommer les aliments sanctifiés de la synagogue.

Donc, les mouchards pharisiens, un peu déconcertés par l’aplomb du Verbe, ne répliquèrent rien du tout.

Jésus alors ajouta :

— Plus fort que cela ! Est-ce que le sabbat existe pour les prêtres ? Non, les simples fidèles sont tenus d’observer le repos du samedi, mais les prêtres en sont dispensés. Il n’y a point de sabbat dans le Temple. Eh bien, sachez-le, moi, je suis un Temple ; par conséquent, mes disciples ne commettent aucune infraction à la loi en boulottant auprès de moi !

Les pharisiens se turent encore et s’en allèrent.

Avec une langue de cette force, toute discussion était impossible. Ils s’en retournèrent donc à Jérusalem pour rapporter ce qu’ils avaient vu et entendu.

Quant à l’Oint et à ses compagnons, ils continuèrent leur route. En sa qualité de prophète, Jésus dut sans doute à ce moment songer à l’avenir et voir, dans l’horizon du futur, les prêtres chrétiens imitateurs des prêtres juifs. En effet, de nos jours, c’est le dimanche qui est consacré au repos : nos curés nous défendent de travailler ce jour-là ; mais, par contre, c’est le seul jour où ils travaillent, — il est vrai que leur travail n’est pas bien fatigant.

L’anecdote des épis rompus se trouve dans trois évangiles : Matthieu, XII, 1-8 ; Marc, II, 23-28 ; Luc, VI, 1-5.

Ce fut sur la route de Jérusalem en Galilée que se passa l’aventure. Les évangélistes ne précisent pas l’endroit où le fils du pigeon, qui déclarait être une synagogue, s’arrêta ensuite. Ils se contentent de laisser comprendre que l’Oint, voyant que les pharisiens cherchaient à constater des infractions de sa part aux prescriptions du sabbat, s’appliqua désormais, pour les vexer, à accomplir ses miracles le samedi, de préférence aux autres jours.

Ainsi, le premier samedi qui suivit, il entra tout exprès dans une synagogue et chercha si, dans la foule, il ne se trouvait pas quelque malade à guérir.

Il avisa un individu, — l’Évangile des Nazaréens, considéré comme apocryphe par le concile de Nicée, dit que c’était un maçon, — qui avait la main droite desséchée.

Comment cet accident lui était-il arrivé ? On l’ignore.

Toujours est-il que ce maçon, ne pouvant s’habituer à manier