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LA VIE DE JÉSUS

assez veinards pour entendre la voix du fils auraient la vie éternelle ; que, quant à lui, il ne cherchait pas sa volonté, mais la volonté de celui qui l’avait envoyé ; que son cousin Jean-Baptiste était une lampe ardente et luisante, et qu’enfin Moïse était un accusateur en qui ils espéraient[1].

Personne ne comprit rien à ce pathos. On haussa les épaules, et les sanhédrites, ne sachant si un Verbe aussi prolixe et diffus jouissait ou non de son bon sens, renoncèrent à leur idée de faire arrêter Jésus. Le pèlerin ne leur paraissait guère responsable de ses actes. (Jean, chap. V, vers. 1-47.).

Ils se contentèrent de lui mettre sous les yeux les prohibitions du jour du sabbat et de l’engager à respecter un peu mieux la loi.

À ce propos, je crois qu’il ne serait pas mauvais de faire connaître quelques-unes de ces prohibitions, grotesques comme toutes les ordonnances des religions.

  1. Ce galimatias est tellement insensé que je me fais un devoir de le reproduire textuellement. Il ne faut pas que le lecteur puisse croire une seconde que je me livre à la fantaisie quand, dans cet ouvrage, il constate des phrases idiotes, sortant de la bouche de Jésus.

    Voici donc mot à mot, d’après l’Évangile même (Jean, chap. V), le charabia décousu de notre mythologique toqué.

    « Alors, Jésus leur dit le père ne cesse point d’agir jusqu’à présent, et j’agis aussi incessamment — Cependant, le fils ne peut rien faire de lui-même et il ne fait que ce qu’il voit faire au père, car tout ce que le père fait, le fils aussi le fait comme lui, — parce que le père aime le fils et lui montre tout ce qu’il fait, et il lui montrera des opérations encore plus grandes que celles-ci, en sorte que vous en serez vous-mêmes remplis d’étonnement. — Car, comme le père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le fils donne la vie à qui lui plaît. — Car le père ne juge personne, mais il a donné tout pouvoir de juger au fils, — afin que tous honorent le fils comme ils honorent le père, celui qui n’honore point le fils n’honore point le père qui l’a envoyé. — En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne tombe point dans la condamnation, mais il est déjà passé de la mort à la vie. — En vérité, je vous le dis, l’heure vient et néanmoins elle est déjà venue où les morts entendront la voix du fils et où ceux qui l’entendront vivront — Car, comme le père a la vie en lui-même, il a aussi donné au fils d’avoir la vie également en lui-même, — et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est fils de l’homme. — Ne vous étonnez pas de ceci, car le temps vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du fils, — et ceux qui auront fait de bonnes œuvres, sortiront des tombeaux pour ressusciter à la vie, tandis que ceux qui en auront fait de mauvaises sortiront tout de même, mais ce sera pour ressusciter à leur condamnation. — Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j’entends et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. — Si c’est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas véritable, mais il y en a un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il me rend est véritable. — Vous avez envoyé à Jean et il a rendu témoignage à la vérité — Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je rends témoignage, mais je dis ceci afin que vous soyez sauvé. — Jean était une lampe ardente et luisante ; et vous avez voulu vous réjouir un peu de temps à la lueur de sa lumière. — Mais, quant à moi, j’ai un témoignage bien plus grand que celui de Jean, car les œuvres que mon père m’a donné de faire rendent témoignage de moi que c’est mon père qui m’a envoyé, — et mon père qui m’a envoyé a rendu témoignage de moi. Malheureusement, vous n’avez jamais entendu sa voix ni rien vu qui le représentât ; et sa parole ne demeure point en vous, parce que vous ne croyez point à celui qu’il a envoyé. — Lisez avec soin les écritures, parce que vous croyez y trouver la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi, mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. — Je ne tire point ma gloire des hommes, mais je vous connais et je sens que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu. — Je suis venu au nom de mon père, et vous ne me recevez point, que demain quelqu’un vienne en son propre nom, et vous le recevrez. — Comment pouvez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? — Ne pensez pas toutefois que ce soit moi qui doive vous accuser devant le père ; vous avez un accusateur qui est Moïse, en qui vous espérez. — Car, si vous croyiez Moïse, nous me croiriez aussi, parce que c’est d’après moi qu’il a écrit. — Si vous ne croyez pas ce qu’il a écrit, comment croiriez-vous ce que je vous dis ? »

    On avouera qu’il faut une forte dose de bonne volonté pour démêler quelque chose de raisonnable dans tout ce chapelet de divagations. Si de nos jours un individu, interrogé sur un manquement à la loi répondait par un semblable discours, on s’empresserait de le confier à un médecin aliéniste.