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LA VIE DE JÉSUS

fertilise les déserts de la Mer Morte. » (Ezéchiel, XLVII, vers. 1-12.)

Donc, concluront messieurs les sceptiques, la grande merveille était la chose la plus simple du monde, et il est très aisé de voir le truc. La piscine de Béthesda était alimentée en temps ordinaire par des eaux non thermales ; puis, à de certaines époques, quand les propriétaires de l’établissement avaient sous la main un faux malade suffisamment leste pour être sûr de sauter le premier à l’eau, ils lâchaient dans le fond du bassin une source de température très élevée ; cette eau, se mêlant brusquement aux autres, faisait bouillonner la surface de la piscine ; on criait à l’arrivée de l’ange ; à la seconde même, le faux malade piquait sa tête et ressortait en se proclamant radicalement guéri. Les autres clients de la maison se baignaient à leur tour, et, comme les eaux avaient en définitive des propriétés médicales réelles, ils obtenaient un soulagement quelconque de leurs souffrances ; cela passait encore sur le compte du bouillonnement opéré par l’ange, et chacun des malades, ainsi soulagés, s’en retournait avec cette conviction que, s’il avait eu la chance d’arriver bon premier, sa guérison aurait été complète.

À cette argumentation des esprits forts et des gens pointilleux, les théologiens catholiques répondront :

Il ne faut pas raisonner les choses de la foi. Quand l’Évangile, ouvrage écrit sous l’inspiration du pigeon, affirme qu’un ange invisible agitait les eaux de la piscine et leur communiquait, en même temps que le bouillonnement, une vertu miraculeuse, il faut le croire. Qu’il y ait eu ou non des sources thermales alimentant le bassin, cela importe peu. Les Livres Saints déclarent que ce qui se passait à Béthesda était surnaturel ; donc, cela était surnaturel.

Mais, allez-vous me dire, a-t-on conservé cette étonnante piscine ? et le miracle se continue-t-il de nos jours ?

Réponse : — La piscine existe encore à Jérusalem ; on la montre aux pèlerins, moyennant finances, vu que la vue de tout ce qui rappelle un souvenir de la vie du mythe Jésus ne saurait être payée trop cher. Même, à l’heure qu’il est, on montre deux piscines de Béthesda, et chacun des propriétaires des deux piscines garantit sur facture aux pèlerins que la sienne est la seule vraie, la seule authentique, la seule ayant existé au temps de l’Évangile. La première est située entre l’Haram et la porte Saint-Étienne ; l’autre se trouve non loin de là, au nord-ouest de l’église Sainte-Anne. Elle a été découverte par M. Mauss, architecte français, chargé il y a quelques années de restaurer le monument de Sainte-Anne. Espérons qu’aux premières fouilles que l’on fera encore dans ce quartier de Jérusalem on trouvera une troisième piscine de Béthesda qui sera, comme les deux autres, la seule vraie, la seule authentique.