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LA VIE DE JÉSUS

À dire vrai, Jésus ne s’éloigna pas beaucoup du Temple. La porte des Brebis était ainsi nommée, parce que c’était par elle qu’arrivaient les brebis que l’on vendait pour les sacrifices.

La piscine était un vaste bassin de natation, alimenté par des sources ferrugineuses, et, parfois, par des sources thermales.

Les fondateurs de l’établissement avaient mis en circulation une légende concernant leur piscine, afin de lui créer une grande vogue.

À de certains moments de l’année, disait-on, un ange descendait du ciel, restait invisible et agitait la surface de l’eau du bassin. Alors, le premier client — le premier seul — qui se jetait dans la piscine, était guéri, de quelque maladie qu’il fût affligé.

Tout le monde à Jérusalem croyait à cette bonne histoire. Aussi les malades affluaient à la piscine de Béthesda. Ils attendaient avec impatience le moment où l’eau du bassin se mettait à bouillonner, et, convaincus que cette agitation était due à la main d’un ange invisible, c’était à qui d’entre eux se précipiterait dans l’onde merveilleuse.

Je sais bien ce que diront les esprits forts et les gens pointilleux.

Ils diront :

Les propriétaires de la piscine de Béthesda étaient des farceurs passablement rusés. La légende qu’ils avaient répandue dans le public, c’était eux qui l’avaient fabriquée de toutes pièces. Le bouillonnement de la piscine était dû à l’arrivée subite des eaux thermales dans le bassin.

En effet, il est aujourd’hui reconnu que les montagnes de Jérusalem renferment quantité de sources, soit ferrugineuses, soit sulfureuses, les unes à la température ordinaire, les autres thermales. La montagne sur laquelle était bâti le Temple, notamment, contenait dans ses flancs un immense lac caché. On sait que ce réservoir gigantesque a été célébré par l’antiquité comme une des merveilles de Jérusalem, et qu’il a toujours été sa ressource pendant les longs sièges que la ville soutint. Voir à ce sujet Tacite (Historiæ, V, 12.)

Tout récemment, les religieuses appelées Dames de Sion, en creusant les fondations de leur orphelinat de l’Ecce-Homo, ont découvert d’antiques citernes et des sources abondantes qu’un aqueduc encore intact conduisait sous l’enceinte du Temple.

L’abondance de ces fontaines était bien connue à l’époque même des Hébreux ; car les Psaumes en parlent comme « d’une rivière dont les flots réjouissent la cité de Dieu. » (Psaumes, XLV, vers. 5.) Ezéchiel, le fameux prophète qui mangeait des excréments humains sur des tartines, était enthousiaste de cette rivière secrète : à ses yeux, c’est « un torrent qui jaillit du roc sacré, coule vers l’orient et le couchant dans les ravins de Cédron et d’Hinnom, s’enflant jusqu’à devenir un fleuve qui