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TROISIÈME PARTIE

JÉSUS À L’ŒUVRE


CHAPITRE XXX

LA PISCINE DE BÉTHESDA

Tant que Jésus ne s’était pas senti appuyé par une partie quelconque de la population, il avait eu des hésitations, des tâtonnements ; mais quand, après les insuccès de Nazareth, il eut les enthousiasmes de Capharnaüm, il se dit que le moment était venu d’entrer résolument et définitivement en scène et d’accomplir sa mission. Si restreintes que fussent les sympathies qu’ils s’étaient acquises, elles existaient ; il pouvait aller de l’avant, car il était quelque peu suivi.

Les débuts si indécis du Verbe avaient duré une année. Nous allons donc prendre notre vagabond au moment où va avoir lieu la nouvelle fête de la Pâque.

Jésus ne manqua pas encore de se rendre à Jérusalem : seulement, cette fois, il ne jugea point utile d’aller recommencer un esclandre au Temple, quoique les marchands y trafiquassent plus que jamais. En cela, il ne se montra guère logique ; car, ou les vendeurs profanaient le Temple, ou ils ne le profanaient pas : et puisque Jésus avait jugé qu’il y avait profanation, il devait, pour être conséquent avec lui-même, renouveler sa belle indignation de l’année précédente, et ainsi de suite jusqu’à ce que les marchands eussent pris le parti de renoncer à leur commerce sacrilège.

Mais, pas plus que la délicatesse, la logique n’embarrassait Jésus.

Cette année-ci, il avait résolu de laisser les trafiquants en paix.

Au lieu d’aller au Temple faire ses dévotions, il se rendit à un établissement de bains, situé près de la porte des Brebis, et appelé « la Piscine de Béthesda » ; ce dernier mot signifiait : la maison des grâces.