Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
LA VIE DE JÉSUS

mes disciples. Il ne dépareillerait pas ma troupe. Mais j’imagine que je trouverai mieux encore que ce scélérat. Cherchons toujours.

Et le Seigneur poursuivait sa petite enquête à travers tous les antres du vice.

Enfin, sur les bords du lac, Jésus se heurta un jour contre la porte d’une maisonnette borgne, où était inscrit ce mot : péage. C’était le repaire des publicains de Capharnaüm.

L’Oint pénétra parmi cette crapule et causa avec l’un, avec l’autre. Un nommé Lévi attira particulièrement son attention. Il l’interrogea. Le vaurien avait pour père un certain Alphée qui, dès la plus tendre enfance, l’avait habitué à toutes les ignominies. On ne pouvait rêver homme descendu plus bas dans la fange du crime. Si un concours d’infamie avait existé en Judée, à coup sûr, il aurait gagné chaque année le premier prix.

Marlou, voleur, espion, il résumait en lui toutes les gredineries ; c’était un coquin hors ligne. Sa scélératesse profonde était couronnée par cette suprême abjection : juif, il servait l’oppresseur étranger contre sa patrie.

— Voilà bien l’apôtre qu’il me faut, pensa Jésus.

Et, sans barguigner davantage, il développa son programme à l’immonde Lévi.

Quand il eut fini d’exposer ses projets, le Christ lui dit :

— Or çà, quelle est votre opinion là-dessus ? Voulez-vous vous enrôler dans ma bande ?

— Ça me va, répondit l’autre, vos idées sont les miennes. Je suis votre homme.

— Parfait… Alors, suivez-moi.

— Compris, conclu !

Le publicain se leva, et, après avoir donné une poignée de main à ses collègues du péage, il partit avec Jésus.

Il changea son nom sur l’ordre du maître. Lévi, dès ce jour, devint Matthieu. C’est ce joli personnage qui écrivit l’un des quatre évangiles. (Luc, V, 27-28 ; Marc, II, 13-44 ; Matthieu, IX, 9.)