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LA VIE DE JÉSUS

L’Évangile n’ajoute pas que les pharisiens tinrent dès lors conseil entre eux pour aviser aux moyens à prendre dans le but d’envoyer Jésus rejoindre son cousin Baptiste à la forteresse de Machéronte ; mais il est présumable que trouvant notre gaillard décidément gêneur, ils se préoccupèrent dès ce jour de s’en débarrasser.

CHAPITRE XXIX

PREMIER PRIX DE GREDINERIE

Six disciples seulement composaient l’escorte habituelle du Verbe ; un septième allait bientôt s’ajouter à eux.

À l’époque où les Évangiles font passer les aventures fantastiques qui composent la prétendue Vie de Jésus, la Judée était sous la domination romaine, je l’ai déjà dit. Les césars avaient donc établi, sur toutes les nations conquises par eux, des percepteurs du tribut infligé aux vaincus.

Ces percepteurs, au pays de Jacob, étaient connus sous le nom de « publicains ».

Dans le début, cette qualification désignait les chevaliers qui prenaient à ferme les impôts des provinces. Un riche seigneur romain allait trouver l’empereur et lui disait :

— Voulez-vous m’accorder le fermage exclusif des taxes de telle province ? Bon an mal an, cela vous rapporte un million, et vous avez tous les tracas administratifs. Faisons une affaire ; je vous verserai chaque année le million convenu, je prendrai à ma charge tous les frais d’administration, et, en revanche, vous allez me signer un pouvoir m’autorisant dès ce jour à percevoir les impôts au nom de l’Empire.

César acceptait le marché.

On s’imagine alors facilement combien chaque fermier des impôts pressurait la population pour faire rendre à son entreprise le plus possible.

Des fois, quand il s’agissait d’importantes provinces, l’affaire était montée sur une grande échelle par de véritables compagnies financières. Ces compagnies avaient un administrateur résidant à Rome, lequel y représentait les associés ; partout, sur les moindres points du territoire en exploitation, fonctionnaient des employés subalternes surveillant l’entrée ou la sortie des marchandises taxées et en fixant plus ou moins justement la valeur.

Ce sont ces employés, sortes de « rats-de-cave » du césarisme romain, que l’Évangile désigne sous le nom de « publicains ».