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LA VIE DE JÉSUS

parts on venait à lui. Les apôtres eux-mêmes lui présentaient tous les infirmes, tous les individus affligés de maux, de douleurs, les possédés, les « lunatiques », les paralytiques, et, sans aucune drogue, il les guérissait. (Matthieu, chapit. IV, verset 24).

Par « lunatiques », — mot qui se trouve textuellement dans l’Évangile, — il faut entendre les malades atteints d’ophtalmie, affection que l’on attribuait autrefois aux influences de la lune.

Ensuite, Jésus, trouvant que les manifestations populaires devenaient un peu trop gênantes, se retira loin des grandes villes ; car il ne tenait pas à attirer sur lui l’attention et les défiances d’Hérode.

Et en cela, il agissait sagement. Sa prudence n’était pas vaine : en effet, quelques jours après la guérison du lépreux, comme il était retourné à Capharnaüm, il y rencontra des pharisiens et des scribes, venus non seulement de Galilée, mais de Judée et de Jérusalem. « La haine des sanhédrites, qui avait contraint Jésus à s’éloigner de la Judée, dit l’évêque Dupanloup, ne permet guère de douter que ces docteurs ne fussent chargés d’épier le nouveau prophète pour surprendre ses moindres actes et jusqu’à ses desseins. »

Or, voyez comme ces gens-là se montraient têtus. Les miracles du Christ étaient de nature à leur prouver la divinité du grand rebouteur ; à la vue de ces prodiges, ils auraient dû se convertir. Pas du tout, ils ne prenaient texte de ces guérisons merveilleuses que pour fermer de plus en plus les yeux sur le caractère céleste de Jésus ; il est impossible de rêver aveuglement plus complet.

Mais le peuple de Capharnaüm n’était pas si bête. Le Verbe accomplissait miracle sur miracle. Tous les habitants s’accordaient donc à le reconnaître, sinon pour un dieu, tout au moins pour un sorcier.

Aussi, dès que le bruit se répandit que Jésus, tenant sa promesse, était de retour parmi les Capharnautes, la foule arriva plus pressée que jamais, remplissant la maison où il avait accepté l’hospitalité, et débordant au point d’empêcher l’accès des portes.

— Ah ! ça nous fait plaisir de vous voir en bonne santé ! disaient les visiteurs.

— Et j’éprouve pareille joie en vous retrouvant bien portants, répondait Jésus.

— S’il n’y a plus de malades dans notre ville, c’est grâce à vous, Maître.

— Je suis toujours à votre service, mes amis. Avez-vous encore quelque possédé, quelque lunatique, quelque lépreux ?

— Non, Seigneur, non.

— Allons, tant mieux ! On ne peut pas en dire de même partout.