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LA VIE DE JÉSUS

Voici encore une cure merveilleuse opérée par lui.

Il se rendit un jour dans une ville dont le nom est malheureusement resté inconnu, quand un homme accourut à lui et se prosterna, la face contre terre, implorant sa pitié.

Cet infortuné était affligé d’une terrible maladie ; la lèpre dévorait tout son corps.

La lèpre était cette affection de la peau que la médecine moderne appelle « éléphantiasis », parce qu’elle donne au derme de celui qui en est atteint l’apparence du cuir de l’éléphant. Très rare en Europe, cette maladie règne endémiquement en Égypte, en Arabie et dans toute l’Asie. Ses causes en sont à peu près inconnues ; aussi les Juifs considéraient-ils la lèpre comme un châtiment du ciel infligé pour quelque grand crime inconnu.

Le malade a la peau épaissie, indurée, l’épiderme fendillé ; le tissu cellulaire contient un liquide blanchâtre ou une matière gélatineuse, qui en se concrétant forme une couche dure, d’un aspect squirreux. On a vu la peau atteindre jusqu’à quatre millimètres d’épaisseur. La lèpre peut se développer sur toutes les parties du corps ; mais, en général, ce sont les membres inférieurs qui sont spécialement affectés, surtout les jambes. La peau se couvre de taches fort dégoûtantes à voir, le tissu cellulaire se tuméfie. Les malades ont des frissons, de la fièvre, une soif inaltérable ; en revanche, ils n’éprouvent aucun appétit et ne mangent que ce qui leur est absolument nécessaire pour vivre. Tous ces symptômes se manifeste jusqu’à quatorze fois par an, sauf la tuméfaction, qui est continuelle. À chaque période d’accès, le gonflement augmente et les membres atteints finissent par acquérir une grosseur monstrueuse.

On conçoit facilement que les lépreux devaient être un objet d’horreur. Les Juifs, inhumains comme tout peuple dévot, reléguaient les lépreux hors de la société. Ces malheureux étaient condamnés à se tenir loin des portes de Jérusalem ; ils erraient dans la campagne, et, quand ils avaient besoin de provisions, ils étaient forcés de les demander, en criant de loin, aux gens de la police ; ils portaient obligatoirement leurs vêtements en lambeaux comme pour un deuil ; ils avaient la tête rasée, les lèvres couvertes d’un voile, et, sous peine de mort, ils étaient tenus, lorsqu’un passant venait dans leur direction, de pousser ce cri lugubre : « Impur ! impur ! je suis impur ! »

Quelquefois, il y avait des lépreux que les prêtres juifs essayaient de guérir ; c’étaient ceux qui, étant riches, avaient été subitement atteints par cet horrible fléau.

La Bible indique, dans le livre du Lévitique, tout le cérémonial de la purification.

Le prêtre allait, avec le lépreux, bien loin de la ville, et immolait un moineau dans un vase de terre sur de l’eau vive ; puis, il trempait un autre moineau vivant et un morceau de bois de cèdre dans le sang de l’oiseau immolé et par sept fois asper-