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LA VIE DE JÉSUS

sont entourés de reptiles hideux, de cadavres. On en a vu qui avaient vendu leur âme à Satan et signé leur pacte avec du sang ; ceux-là sont éternellement damnés. Enfin, il en est qui, au lieu d’être tourmentés, jouissent de toutes les faveurs de l’esprit des ténèbres : le diable les protège, leur apprend le secret de fabriquer de l’or, leur prédit l’avenir, leur dévoile les mystères de l’enfer et leur accorde le pouvoir de faire des miracles qui, on le comprend, ne sont que des prestiges ; bien que favorisés en apparence, ils n’en ont pas moins leur âme pour jamais perdue. »

Le possédé de Capharnaüm appartenait à la catégorie des démoniaques habités par l’esprit impur. Il se tordait sur le parvis de la synagogue et accompagnait ses hurlements de gestes obscènes. C’est l’abbé Fouard qui l’affirme, et, certes, je ne le contredirai point.

Ce furieux s’était glissé dans les rangs de la foule ; mais la parole du fils du pigeon n’avait pas tardé à mettre son locataire le diable dans tous ses états.

Lors, notre individu, ne pouvant contenir plus longtemps l’esprit qui le dominait, se répandait en invectives abominables contre l’éloquent prédicateur. Somme toute, l’insulteur de l’ex-charpentier n’était pas grandement coupable, puisque c’était Satan qui s’exprimait par sa bouche.

La multitude, d’abord irritée contre l’auteur de ce scandale, s’était peu à peu calmée ; car le possédé n’était responsable ni de ses gestes ni de ses paroles, et, en définitive, le spectacle qu’il donnait était curieux.

On éprouvait un attrait mêlé d’horreur à voir le diable aux prises avec le prophète.

Jésus, qui était dieu jusqu’au bout des ongles, était, par anticipation, sûr de sa victoire. Il laissa le démoniaque se démener et demanda qu’on le mît en sa présence.

— Que veux-tu ? fit le fils du pigeon, s’adressant au possédé.

— Laisse-nous la paix, voilà ce que je veux ! répondit l’autre. Qu’y a-t-il entre vous et nous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ?… Allez, je sais bien qui vous êtes : vous êtes le Saint de Dieu !

Cette confession diabolique était faite, après tout, pour ne pas déplaire à Jésus ; elle constatait son origine. C’était, disent les pieux commentateurs de l’Évangile, l’aveu arraché par la terreur, la flatterie d’un esclave tremblant sous le fouet et cherchant à adoucir le maître prêt à châtier.

Jésus, cependant, repoussa cet hommage. Il marcha droit au possédé, et, menaçant le démon qui l’agitait :

— Tais-toi, lui dit-il, et sors de cet homme !

« Alors, l’esprit impur, le secouant avec d’horribles convulsions, jeta un grand cri et sortit hors de lui. »

Spectacle étrange, on vit aussitôt cet infortuné, qui venait de