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LA VIE DE JÉSUS

— Asseyez-vous dessus ! hurlent les plus grincheux.

Jésus étend la main pour faire rétablir le silence. Oh ! oui, l’interrupteur pousse des clameurs sauvages et gesticule comme un enragé. Le tumulte augmente.

Tout à coup, un des assistants, doué de plus de clairvoyance que ses collègues, reconnaît le tapageur et dit :

— C’est un démoniaque, c’est un possédé !

Cette révélation ne surprend pas l’auditoire. À cette époque, il n’était pas rare de rencontrer, même dans les églises, des individus à qui le diable avait joué la mauvaise farce de s’introduire dans leur corps.

Aujourd’hui, l’on ne voit plus de possédés. Aussi, nous est-il difficile de nous faire une idée de ces paroissiens-là. Force nous est de nous en rapporter aux savants théologiens catholiques, qui, du reste, ont donné des démoniaques les descriptions les plus minutieuses.

En vain les professeurs de médecine de l’école contemporaine nient la possession de certains individus par le diable ; en vain la science moderne déclare que cet état dans lequel les esclaves de Satan se sont trouvés est seulement le résultat d’une aliénation mentale : l’Évangile rive le clou à la médecine, à la science moderne. Elle cite, à l’appui de sa thèse, nombre de faits qui remontent à plusieurs siècles et que, pour ce motif, nous ne pouvons malheureusement pas contrôler.

On a vu, paraît-il, des démoniaques qui, grâce au diable qui habitait en eux, accomplissaient des choses vraiment phénoménales.

Voici, en général, comment cela se passait, au dire des théologiens qui ont creusé la matière :

Un matin, le diable se présentait à l’individu dont il avait l’intention de s’emparer ; pour cela, il revêtait une forme mi-humaine mi-bestiale. C’était, par exemple, un homme-chien, un homme-crapaud. Quand il avait suffisamment épouvanté le malheureux et que celui-ci était rendu inerte par l’effroi, le diable s’introduisait en lui par la bouche. « Une fois installé dans le corps d’un possédé, dit un évêque[1], le démon devient maître de toutes ses facultés : il le pique, le brûle, lui arrache le cœur, le cerveau, les intestins, et le tourmente de mille manières ; il répand une odeur infecte, tantôt de soufre, tantôt de bouc. D’autres fois, et cette particularité se remarque surtout chez les femmes, l’esprit malin leur fait tenir des propos obscènes. Quelques démoniaques sont enlevés dans les airs, transportés dans les enfers, où, saisis d’effroi et de terreur, ils contemplent les tourments des damnés. D’autres ont été transformés en animaux, en arbres et même en fruits. Le diable a poussé sa rage jusqu’à réduire en cendres des malheureux dans lesquels il s’était introduit ; mais quelques-uns, par l’effet des exorcismes d’un prêtre, sont ressuscités, régénérés. Plusieurs

  1. Mgr de Ségur.