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LA VIE DE JÉSUS

nous verrons la femme Joanna parmi les galiléennes qui suivaient Jésus. (Luc, VIII, v. 3.)

Mais le nom de notre homme ne fait rien à la chose.

L’officier avait entendu parler de notre vagabond par les racontars de la ville. Il avait changé de l’eau en vin, il lisait au fond des cœurs, il racontait au premier venu les aventures que celui-ci croyait les plus secrètes ; il passait, en fin de compte, pour sorcier.

On sait combien les bonnes gens des petites villes ont des tendances à grossir les moindres faits. Grâce aux cancans colportés de bouche en bouche par les naïfs, Jésus avait fini par être représenté aux yeux de beaucoup comme un guérisseur ayant à lui des recettes mystérieuses, mais infaillibles.

Somme toute, bien qu’il n’eût encore accompli aucune guérison miraculeuse, l’ex-charpentier avait droit à sa renommée de rebouteur ; car, en définitive, il était fils du pigeon, et, quand on est fils du pigeon, on est capable de tous les prodiges.

L’officier se présenta donc à Jésus, et, avec des larmes dans la voix :

— Maître, lui dit-il, veuillez lire la lettre que je reçois de Capharnaüm.

Jésus prit le papyrus et le parcourut.

— Eh bien ? demanda-t-il au militaire ; je n’ai pas l’honneur de connaître votre fils, ni vous. Ce jeune homme est malade, je compatis à votre douleur.

Ce n’était pas pour recevoir des consolations banales que venait l’officier.

Il reprit :

— Maître, une consultation de médecins a été tenue hier au soir au chevet du lit de mon fils. Les docteurs de la science ont déclaré que le pauvre enfant n’en réchapperait pas.

— Cela est bien triste.

— À qui le dites-vous ! Mais, vous, maître, ne pouvez-vous rien pour sauver les jours de mon fils chéri ?

— Eh ! eh ! je ne dis pas.

— Je vous en supplie, je vous en conjure ; voyez, je me jette à vos genoux ; guérissez, guérissez mon enfant qui se meurt !

Jésus appuya son menton dans sa main et réfléchit quelques secondes.

Puis, il répliqua :

— C’est un miracle que vous demandez, si je ne m’abuse… Je ne vous le refuse pas ; mais permettez-moi de constater ceci : c’est que, vous autres juifs, vous êtes tous les mêmes… Si je n’accomplis pas des prodiges à votre intention, vous ne croyez point en moi.

L’officier prit son attitude la plus suppliante.

— Seigneur, s’écria-t-il, au nom de ce que vous avez de plus