Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
LA VIE DE JÉSUS

trouvait Jéhovah lorsqu’il causait la nuit avec le petit Samuel, occupait la place d’honneur dans la synagogue.

Le sanctuaire était la partie de l’édifice la plus en vénération. C’est là que se trouvaient les premiers sièges où les scribes et les pharisiens posaient leurs respectables derrières ; là encore étaient les places où l’on conduisait les fidèles distingués par leur opulence, car de tout temps les propriétaires des forts capitaux ont été hautement considérés dans les églises. Saint Frusquin est l’éternel saint des saints.

Vers le milieu s’élevait l’estrade où montaient le lecteur des livres sacrés et le rabbi qui exhortait l’assemblée.

Quant au troupeau des fidèles, il se tenait comme il pouvait dans la nef de l’église, séparée par une barrière en deux parties, dont l’une était réservée aux hommes et l’autre aux femmes.

Une lampe brûlait jour et nuit devant l’arche des livres saints, et le faîte du monument devait dépasser toutes les maisons de la ville, ou du moins élever au-dessus d’elles une longue flèche semblable aux campaniles des églises modernes et des mosquées musulmanes.

Auprès des portes figuraient, accrochés aux piliers, différents troncs, ouvrant leurs gueules toujours prêtes à engloutir l’argent des naïfs.

On le voit, les fondateurs de la religion chrétienne ont copié le judaïsme jusque dans ses moindres détails.

Toute synagogue avait à sa tête un chef, assisté de vieillards auxquels on donnait le nom de pasteurs. Ce chapitre présidait aux exercices religieux, jugeait, châtiait, excommuniait les audacieux qui avaient l’aplomb de ne pas tenir pour sérieuses toutes les mômeries de la sainte boutique ; on allait même, quand les mécréants poussaient trop loin l’irrévérence des choses sacrées, jusqu’à les envoyer enchaînés au Sanhédrin, grand conseil de Jérusalem.

Le membre le plus actif avait un nom suave ; on l’appelait l’Ange. Les trois quarts du temps, c’était un vieux puant, cassé en deux, les gencives édentées, les lèvres baveuses, le nez en pomme de terre, la tête branlante, le crâne chauve comme un œuf d’autruche. On l’appelait l’Ange tout de même, bien qu’il donnât une idée peu avantageuse des habitants des cieux.

Au-dessous des dignitaires se trouvait le Chazzan, ministre inférieur qui présentait les livres sacrés au lecteur, veillait sur les portes et faisait les apprêts nécessaires.

Quant à l’ordre du service, il était fixé par des règles scrupuleusement observées. En entrant, on trempait les mains dans une eau bénite, soi-disant pour les laver. Le ministre officiant récitait une prière avec les bras étendus. Puis, toute l’assistance entonnait des psaumes, chacun beuglant plus ou moins en mesure, ce qui ne manquait pas de produire une affreuse cacophonie au milieu de laquelle perçait la voix grinçante des