Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
À BAS
LA CALOTTE !

LES VOLEURS DE CADAVRES



Il y a quelque temps, mourait à Paris un républicain qui fut pendant sa vie l’incarnation même de l’honnêteté, Garnier-Pagès. Ce républicain n’était pas un citoyen ordinaire, un inconnu ; non, en 1848 il avait été ministre. Il n’était pas seulement connu comme républicain, mais aussi comme libre-penseur : jamais, pendant le cours de sa longue existence si bien employée, jamais il n’avait hanté les mauvais lieux de la dévotion, et lorsque, quelques années avant lui, son épouse s’éteignait, fidèle exécuteur des volontés suprêmes de la défunte, il la faisait enterrer civilement, c’est-à-dire proprement, convenablement, sans le concours grotesque de pleureurs bouffons et de chanteurs salariés.

Donc, ces temps derniers, Garnier-Pagès expirait dans les bras de son gendre, le député Dréo, encore un honnête homme, celui-là. Pendant son agonie, il n’avait fait appeler aucun prêtre, et ses derniers moments ne furent troublés par l’apparition lugubre d’aucun de ces sinistres rôdeurs de chevet.