Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 77 —

frapper l’imagination de notre satané pape, je ne reculerai devant rien ; j’emploierai même, s’il le faut, les moyens surnaturels.

De Mun. — Ainsi, c’est dit, tu pars pour Rome ?

Veuillot. — Demain.

De Mun. — Bonne chance et bon voyage !

SECOND ACTE. — À ROME

Léon XIII roupille profondément dans sa mansarde du Vatican. Il fait nuit. Soudain, la fenêtre s’ouvre brusquement, et Veuillot paraît, une lanterne vénitienne de chaque main : il s’est coiffé d’une tiare et revêtu d’une belle soutane blanche.

Léon, se réveillant en sursaut au bruit que fait Veuillot en sautant dans la mansarde. — Jésus ! Maria ! un revenantis ! (Il enfonce sa tête sous les coussins.)

Veuillot, d’une voix sourde. — Oui, Leonus treizo, je suisum unus revenantem. J’arrivo du fin fondis deilo paradiso per te dire que tu es en trainum de coulare l’eglisiam catholicam que j’avaiso consolidifiatus au moyeno de meum Syllabus… Brrroum ! (Il fait entendre un bruit de ferraille.)

Léon, toujours la tête sous les coussins. — Bigribus, je croiso que c’est Pius Neuvium, mon prédécesseurem !… Et moi, qui ne croyaisit pas aux apparitionibus miraculeusas !

Veuillot, terrible, secouant un paquet de clés qu’il s’est pendu au cou. — Entendis-tu ce bruito de ferraillos ?… Ce sont les cléias du Paradiso… Si tu n’obéitis pas aux ordros que je vaïo te donnare, tu n’y entrerabis jamais !… jamaïus ! jamaïa ! jamaïo !… Brrroum !

Léon, toujours la tête sous les coussins. — Divina Madona, protégeaté Bibi qui filat mauvaisus cotonem !

Veuillot, avec un ricanement de spectre. — Oh ! negociantus de peaux d’anguillos, tu te figuro que la Madona vate venir à ton secoursum !… Escouta, et prépara-té à obéire… L’Eglisia, hors