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taille… Farceur, va !… Lucie qui a de la chasteté à en revendre à vous tous qui m’entendez… Lucie veut se défendre… Elle retrousse… elle retrousse ses manches… »


À ces mots, les papas, justement émus, se lèvent en murmurant et veulent quitter la chapelle avec éclat. Les sœurs de Saint-Joseph essaient de les calmer pendant que la mère-abbesse gravit les degrés de la chaire et veut faire comprendre à M. le curé qu’il dit des bêtises.


— « Des bêtises ! exclame l’autre. Tenez, vous me faites suer des lames de rasoir… Si je vous racontais l’histoire de Suzanne et des deux vieillards, vous en entendriez bien d’autres… Mais je préfère revenir à Lucie…

— » À la porte, le pochard ! fait un auditeur.

— » Pochard ? vous m’appelez pochard ? répondit le prédicateur indigné. Eh bien ! vous pouvez vous vanter d’avoir un fameux toupet !… Et quand j’aurais une cuite, est-ce que cela vous regarde ?… Vous me la faites forte !… Avec ça que les apôtres se privaient de boire ! Comme on voit bien que vous ne connaissez pas l’Évangile, tas d’hérétiques !… Et les noces de Cana, alors ? Vous n’en avez jamais entendu parler peut-être, des noces de Cana ?… Il n’y avait plus de vin… Rien que de l’eau, mes frères !… Avouez que ça aurait été rudement bête de finir un festin avec de l’eau… Jésus a changé l’eau en vin… Et il a bien fait !… je l’approuve… je ne sais pas si c’était du bordeaux… mais il paraît que tout le monde s’en est léché les doigts… »


— « Assez ! enlevez-le ! » hurla la foule indignée. Et voilà M. le curé qui est obligé de descendre de la chaire et de remettre la suite de son sermon à une autre fois.

Je n’ai pas besoin de vous dire, chers lecteurs, que tous les journaux ennemis de la religion se sont empressés de reproduire — d’une manière moins détaillée que la mienne, il est vrai, — les péripéties de ce sermon épique, l’accompagnant de