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Miracle no 4.

Avez-vous vu des pots dans votre vie ? Oui, n’est-ce pas ?

Eh bien ! il est impossible que vous en ayez vu d’aussi sourds que ce que je l’étais il y a une semaine.

Quand la foudre éclatait, je croyais à un éternuement de quelqu’un de la société, et je disais : Dieu vous bénisse ! et quand on tirait le canon à côté de moi, je me figurais que c’était un bouton de mon pantalon qui venait de sauter et de tomber par terre, et je restais de longues heures à le chercher sur le parquet.

J’ai accompli le pèlerinage de Lourdes.

Mère de Dieu, soyez bénie !

J’ai, depuis que j’ai piqué une tête dans la piscine, l’ouïe d’une délicatesse extrême. Si je me promène au bas du clocher d’une église, j’entends marcher les fourmis à l’extrémité de la flèche, et quand je me trouve au théâtre, malgré le tapage de l’orchestre, je perçois même le bruit à peu près nul que font, en volant, les anciens fonctionnaires bonapartistes.

Prince de Joinville.

Miracle no 5.

Vous savez, c’est moi qui écris toutes ces petites brochures contre les libres-penseurs, contre les francs-maçons, contre les savants libéraux, contre les athées, etc.

C’est moi qui suis l’auteur d’un tas d’opuscules à 10, 15 et 25 centimes, dans lesquels je prouve, clair comme « un père de l’Église et un somnambule font deux farceurs », que trois personnes peuvent n’en faire qu’une, qu’au commandement d’un simple mortel comme moi, un morceau de pain devient aussi vivant qu’un vieux fromage, et qu’une femme, tout en restant vierge, est susceptible d’enfanter par l’opération d’un pigeon.

Mais ce que vous ne saviez pas, c’est que je suis aveugle, ou, pour parler plus exactement, j’étais aveugle il y a encore trois jours. Je ne jouais pas de la clarinette pour embêter les passants, mais j’écrivais des brochures, et cela revenait au même. Il y a même des gens qui auraient préféré m’entendre jouer de la clarinette.