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au troupeau des fidèles pour tomber à bras raccourcis sur nos missionnaires chinois ; monsieur le curé, sans prendre le temps de quitter sa chasuble, irait prévenir la police, et une nuée d’agents, envahissant l’église, aurait bien vite mis en état d’arrestation les ministres trop zélés du dieu Bouddha.

Et l’aventure se terminerait par une bonne condamnation aux travaux forcés prononcée en toutes règles par des tribunaux parfaitement convaincus, en vertu du Code qui punit le pillage en bandes organisées, en vertu de la loi dans laquelle figure encore le crime dit « sacrilège ».

Les catholiques se frotteraient les mains, et les gens qui ne pratiquent pas diraient eux-mêmes : « C’est bien fait. Tant pis pour les mandarins ! Ils n’avaient qu’à rester chez eux. Personne ne les obigeait à venir en France prêcher aux chrétiens la divinité de leur Bouddha ! »

Par conséquent, ce que je dirais des mandarins, je le dis des missionnaires jésuites. Ne peuvent-ils donc pas rester dans leurs couvents ? Qui les force à aller convertir les Chinois à leur Jésus et à sa maman-pucelle ! On les coffre, on les met au bagne, on les pend. Tant mieux ! C’est bien fait, fallait pas qu’y aillent !

Je vais même plus loin.

Puisque ces missions étrangères sont de nature à nous attirer à tout moment des difficultés avec des puissances amies, comme la Chine et le Japon, puisque nos consuls sont obligés de réclamer à tous moments des évêques et des vicaires apostoliques que ces gouvernements de l’extrême Orient fourrent sans cesse en prison (et ce n’est évidemment pas pour des prunes), puisqu’un jour ou l’autre une guerre peut éclater à propos de ces vilains corbeaux, le devoir du gouvernement serait de déclarer que les missionnaires n’agissent qu’à leurs risques et périls, que nos ambassadeurs ne doivent en aucune façon et sous aucun prétexte les protéger, et en outre nos députés devraient voter une loi interdisant sous les peines les plus sévères les œuvres comme celle de la Propagation de la foi et autres semblables. Il est défendu aux citoyens de se cotiser pour payer l’amende d’un journaliste condamné ; à plus forte raison, devrait-on interdire les cotisations ayant pour but d’envoyer à l’étranger