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Ce qui me pousse à tenir un pareil langage, c’est qu’il n’est pas un jour que nous n’apprenions que des missionnaires ont été maltraités dans quelques contrées de l’extrême Orient et que nos consuls ont été obligés d’intervenir en leur faveur.

Tout récemment encore, je lisais dans le Journal officiel « qu’un certain Mgr Ridel, évêque-missionnaire, avait été arrêté par le gouvernement de Corée (Chine) et qu’il avait fallu l’intervention de notre ministre plénipotentiaire à Pékin pour le faire mettre en liberté après une détention de plusieurs mois ».

D’abord, il s’agirait de connaître les actes dont s’est rendu coupable le Ridel en question pour que le gouvernement de Corée ait cru devoir le mettre en sûreté. Il est évident que ce n’est pas à propos de bottes ; et, étant donné d’une part le caractère éminemment pacifique et tolérant des Chinois, qui sont le peuple le plus doux de la terre, étant données d’autre part les pratiques peu honnêtes qu’emploient quotidiennement, — même chez nous — les jésuites pour ce qu’ils appellent « convertir les gens », il est facile de comprendre que le Ridel et ses complices en propagation de foi se sont livrés à des actes particulièrement vexatoires et à coup sûr répréhensibles.

Tout le monde connaît la légende inventée par les missionnaires sur les Chinois. Les Chinois, ont raconté partout les jésuites, sont des gens cruels qui donnent leurs enfants à manger aux cochons.

Il n’y a que les jésuites pour imaginer de pareilles fables.

D’après les rapports des capitaines marins qui ont exploré ces lointaines contrées, les Chinois sont au contraire d’un naturel doux et bon à l’excès, aiment leurs femmes et leurs enfants à l’adoration, et, loin d’être des sauvages, sont extrêmement civilisés, plus civilisés même que nous.

En effet, nous en avons eu la preuve à l’Exposition, où l’industrie chinoise occupait une des places les plus brillantes. Les Chinois font le long voyage de Pékin à Paris pour venir étudier notre industrie, comparer nos produits aux leurs, afin de tirer de cette comparaison le meilleur enseignement possible, et nous, Français, quand nous faisons le voyage de Paris à Pékin, c’est pour aller piller, bombarder, mitrailler, voler et convertir : on n’a pas oublié le pillage du Palais