Page:Léo Taxil - À bas la calotte.pdf/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —


II

Une neuvaine, s. v. p. !…


J’ai reçu, hier, chez moi la visite de Dupanloup…

Tiens ! vous riez ?… C’est pourtant vrai.

Vous ne croyez pas aux revenants, vous ?… Parbleu ! vous n’avez pas la foi. Mais moi qui en suis imbibé depuis les pieds jusqu’à la tête, je puis vous affirmer que j’ai vu Dupanloup pas plus tard qu’hier.

J’étais dans ma chambre. Il pouvait bien être entre onze heures et minuit. Je dormais aussi profondément qu’un auditeur de M. de Broglie. Tout à coup ma fenêtre s’est ouverte, et un Monsieur en soutane violette l’a enjambée. Il n’avait pas de chapeau. C’était Dupanloup.

Je le considérai un moment. Je vous jure qu’il n’était pas disposé à rire : il avait l’air d’une âme en peine.

— Sapristi ! lui dis-je, je ne m’attendais pas à vous voir. Asseyez-vous donc, et dites-moi un peu ce qui vous amène ici.

— Ah ! Monsieur, si vous saviez !… murmura l’ex-évêque d’Orléans… ah ! je suis bien à plaindre !… Je suis en purgatoire…

— J’aurais dû m’en douter… Votre successeur a ordonné dans tout son diocèse des messes à n’en plus finir pour le repos de votre âme… C’est donc que vous êtes un profond scélérat.

— Hélas ! qui n’a pas commis dans sa vie quelques petites peccadilles ? Encore, si j’avais eu le temps de me confesser ! Vous savez que la confession efface tout… Mais, va te faire lanlaire ! j’ai été pincé par la mort subite… Pas une minute pour recevoir la moindre absolution… Tropmann, Dumolard, Billoir, Vitalis, sont au ciel, et moi, j’en ai encore pour soixante-treize mille neuf cent soixante-