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UN DIVORCE

frelatés, des guides imbéciles. Il y avait moins de soleil dans son paysage ; il avait eu le temps de faire des observations agricoles et industrielles, et il n’évitait pas même des détails dont Claire rougissait.

Les deux jeunes époux restèrent seuls enfin, et Claire recommença d’examiner les merveilles de sa jolie chambre. Oh ! comme elle l’aimait ! Elle la regardait en se disant : C’est là que notre vie la plus intime s’écoulera.

Elle-même avait choisi la perse de laine des chaises et des rideaux, la table, la toilette, la commode, le beau lit en acajou ; mais c’était lui qui, de son propre mouvement, avait ajouté à l’ensemble une foule de gracieux détails, une boîte à gants, une coupe d’agate, une corbeille, un coffret. Aussi regardait-elle son Ferdinand avec une admiration profonde.

— Un autre que toi n’aurait jamais pensé à cela. Tu as donc deviné ce qui peut enchanter une femme ? Qui t’a appris cela, voyons ?

Et, le cou tendu, l’œil caressant, elle attendait un baiser avec cette réponse, que dans sa ruse naïve elle croyait provoquer : l’amour ! mais il se contenta de sourire.

La maison qu’ils habitaient, et qui appartenait à M. Desfayes était située dans un des plus beaux quartiers de la ville, près de la promenade Montbenon, sorte d’isthme qui relie deux collines et que de chaque côté bordent des pentes abruptes.

Leur appartement, au premier, élégant et commode, donnant d’un côté sur la rue du Chêne et de l’autre dominant d’admirables perspectives du côté du lac, se composait, outre la chambre à coucher, d’un grand salon dont l’ameublement avait été à Beausite l’objet des discussions les plus importantes, de la salle à manger et de