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UN DIVORCE

lui étaient désagréables ; mais elle continuait de l’employer, parce que mademoiselle Herminie habillait bien et avait étudié à Paris.

— Je savais la nouvelle depuis quinze jours.

— Vraiment ?

— Oh ! les nouvelles ne nous manquent pas à nous autres ; nous allons dans tant de maisons !

— En effet ; mais ce doit être un état charmant que celui de couturière ! s’écria Fanny en allongeant sa jolie tête dont le seul défaut était de n’avoir d’autre expression que celle d’une volaille effarouchée.

— Ça n’empêche pas, dit mademoiselle Herminie de son air dédaigneux, que je n’aie bien plaisir à le quitter.

— Comment ! vous quittez votre état ?

— Seulement pour en prendre un autre. Je n’ai pas encore trouvé moyen de vivre de mes rentes. Je vais être dame de café.

— Alors vous vous mariez ?

Mon Père ! oui. J’ai trouvé un garçon assez gentil et qui a des avances. Il faut bien se décider. C’est le fils d’un cafetier d’Iverdon, et nous allons prendre l’établissement de la place Saint-Laurent ; j’espère bien, dit-elle en s’adressant à Claire, avoir la pratique de M. Ferdinand.

Cette familiarité parut choquante à la jeune fiancée. Elle trouvait, de plus, que le ton et le regard de la couturière étaient pleins d’impertinence et comme d’une secrète hostilité.

— Vous connaissez M. Desfayes ? demanda-t-elle avec assez de hauteur.

— Oh ! parfaitement ; c’est un des bons danseurs de Lausanne. Il est très-aimable. Nous avons bien ri ensemble la dernière fois.