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UN DIVORCE

que le petit Fritz lui-même, se tenait aux côtés de sa fiancée.

Aussi prit-il occasion de cela pour aller à la bibliothèque faire des recherches sur l’origine de la taille des arbres, et lire un ouvrage qui traitait à fond de cet art. Cela dura plusieurs jours de suite. Une fois, Étienne passa la soirée en ville, ayant accepté à souper chez un ami. Il rentra fort gai, un peu trop échauffé même. Anna seconda cette gaieté, en riant elle-même très-fort, de son rire saccadé ; mais Mathilde échangea avec son père un regard inquiet.

Le lendemain, on attendit vainement Étienne pour le souper. La nuit vint et s’épaissit. Dix heures sonnèrent qu’il n’était pas rentré encore. Anna disait d’un ton dégagé :

— Il aura retrouvé quelque ami absent.

Cependant elle jeta un fichu sur ses épaules et sortit. Le temps était clair et froid. Les neiges, qui depuis deux mois avaient réoccupé le sommet des montagnes, tout récemment venaient de s’étendre jusqu’à leur base et glaçaient l’air de la vallée.

Au bout d’environ trois quarts d’heure, Anna rentrait, toute pâle de froid, comme le remarqua Jenny. Elle envoya coucher les domestiques, et, prenant le bras de M. Sargeaz :

— Mon père, voulez-vous venir avec moi ?

— Où m’emmènes-tu ? demanda-t-il avec inquiétude aussitôt qu’ils furent dehors.

— Étienne s’est trouvé mal. Il est là-bas sur la route, répondit-elle d’une voix basse et précipitée.

— Ah ! s’écria-t-il avec douleur. Moi qui le croyais sauvé !