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UN DIVORCE

tage secret, en vertu duquel on détacha de Beausite, pour la part de Claire, toutes les terres éloignées, dont la vente laisserait le domaine arrondi. Mais la vente a lieu peu facilement quand on la cherche, et, pour pouvoir se défaire convenablement de ces terres éparses, il fallait du temps. L’hiver approchait ; la santé de Claire s’opposait à un voyage long et pénible. Il était nécessaire d’attendre le printemps.

Après le départ de M. Schirling, la famille Sargeaz était venue, selon sa promesse, habiter le premier étage de Beausite. Le comte Tcherkoff voyageait en Italie, en Espagne et en Angleterre, où il étudiait sur le fait les rapports des mœurs avec les institutions. Quant à Étienne, il s’instruisait dans l’agriculture, soit en lisant, soit en suivant les travaux de la ferme. Car il devait avoir pour occupation future la culture et l’amélioration de Beausite, et son mariage avec Anna était convenu, sans être fixé encore. Il faut dire qu’on blâmait beaucoup dans le monde l’incroyable folie de mademoiselle Grandvaux, et que des épouseurs plus dignes ne lui manqueraient pas. Mais de son petit air doux, et pourtant sûr d’elle-même, elle repoussait également les prétendants et les donneurs de conseils, et continuait d’aimer et de gâter un peu son cher Étienne.

Elle lui avait rendu toute sa confiance ; il s’en montrait digne. Il allait rarement à Lausanne, et, bien qu’affable pour ses anciens camarades, il ne les recherchait pas et les quittait promptement.

Cependant, il arriva que la petite Clara fit une maladie, et que, pour épargner des fatigues à la mère, Anna passa les jours et les nuits dans la chambre de l’enfant. Ce n’était pas le compte d’Étienne, qui, plus assidûment