Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
UN DIVORCE

pas que vous soyez effrayée ; je ne veux pas que vous ayez la moindre peur de moi. Voyons, voulez-vous commencer à m’obéir tout de suite, le voulez-vous ?

Le ton dont il disait ces paroles était très-tendre, presque soumis, et la jeune fille sourit en répondant :

— J’attendrai que ce soit mon devoir.

— Je ne vous ordonnerai qu’une seule chose, reprit le jeune homme enivré de ce sourire…

Et il se taisait en la regardant.

— Quoi donc, monsieur ?

— Ce sera de m’aimer beaucoup.

Elle rougit.

— Le ferez-vous ? ajouta-t-il d’une voix plus émue.

— Je l’espère… je le crois.

Transporté de joie, il l’attira vers lui d’un mouvement passionné, et déposa un ardent baiser sur sa joue pure.

Elle se leva confuse ; il la suivit, lui offrit le bras, et ils firent quelques pas sans se parler.

— J’espère que vous avez confiance en moi, reprit-il encore. Oui, je ne sais comment vous exprimer ce que j’éprouve, mais je suis si heureux que je me sens un extrême besoin de vous rendre heureuse aussi. Tenez, jusqu’à présent je n’ai été qu’un égoïste ; je vivais bêtement, et je ne valais pas la moitié de ce que je vaux aujourd’hui.

— Vous êtes bon, répondit Claire, je vous remercie, je vous crois, et moi aussi je veux être une bonne épouse ; et puis enfin pourquoi ne se rendrait-on pas heureux ?

— C’est cela ! Pourquoi ? je vous le demande ! s’écria Ferdinand en pressant tendrement la main de sa fiancée.

Ils échangèrent un regard plein d’une confiance mutuelle, et continuèrent de marcher côte à côte, le cœur