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UN DIVORCE

aventures qui achalandent une maison. Notre époque a décidément du penchant pour la vertu. Cependant, voyons : ne croyez-vous pas qu’en prenant l’engagement d’élever votre fils jusqu’à vingt ans, sans que M. Desfayes ait à contribuer en aucune manière aux dépenses de son éducation…

— Ferdinand est fier ; vis-à-vis de vous, il le serait plus encore.

— Ne le nommez pas de ce nom, Claire, du moins devant moi. Pour vous, désormais, comme pour tout le monde, il n’est que M. Desfayes.

Elle rougit, baissa la tête et ne répondit pas.

— Vous le connaissez mieux que moi, reprit-il, découvrez donc les persuasions qu’on pourrait employer vis-à-vis de lui, et quelles qu’elles soient, qu’elles demandent le sacrifice de votre fortune ou le dévouement d’un honnête homme, j’y souscrirai.

Claire lui serra les mains avec reconnaissance.

— J’ai déjà beaucoup cherché en vain ; mais je chercherai encore. Ah ! Camille, je le sens, j’abuse de votre bonté pour moi. Quand je devrais vous remercier à genoux de vouloir bien m’aimer, vous si grand, si bon et si noble, je vous attriste par des refus, et je vous retiens dans la peine et dans l’incertitude. Vous mériteriez un cœur tout à vous, qui ne fût pas, comme le mien, flétri par tant de tristesses et engagé dans d’autres affections. Quelquefois, mon ami, en pensant à cela, je me sentirais le courage de renoncer à vous, car je ne suis pas libre de répondre à votre dévouement.

— Ne parle pas ainsi, dit-il en la serrant contre son cœur. Je t’ai adoptée telle que tu es, avec tes douleurs, tes souvenirs et tes liens ; je te garderai. Seulement, je te voudrais plus forte et plus décidée. Je te voudrais plus