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UN DIVORCE

locataires ; mais il ne doit pas rester bien longtemps, à ce que je crois. Le sais-tu, Mathilde ?

— Pas précisément, ma tante ; sir George m’a dit qu’ils passeraient peut-être l’été.

— Sir George est le neveu ? demanda M. Sargeaz.

— Oui, mon père, c’est un gentleman fort aimable et très-courtois ; mais un peu léger de caractère, il me semble.

— Et tu n’aimes pas les caractères légers, Mathilde ?

— Non, dit-elle, avec un sourire.

Elle rencontra le regard profond du jeune comte fixé sur elle.

— Ma sœur, reprit M. Sargeaz, nous viendrons vous voir souvent. Mais tant que sir John Schirling sera ici, nous gênerions trop. Dimitri et moi, nous prendrons des chambres à l’hôtel. Je vous remercie.

Il se leva en même temps, car le jour baissait, et, après avoir embrassé les enfants, il reprit le chemin de Lausanne, accompagné de mademoiselle Charlet, de Mathilde et du comte. Au sortir de l’avenue, ils rencontrèrent face à face sir John et son neveu, qui rentraient.

Par un mouvement semblable, l’Anglais et M. Sargeaz firent un pas en arrière :

— Mon père, s’écria joyeusement Mathilde, ne reconnaissez-vous pas sir John Schirling ? mon meilleur ami, ajouta-t-elle.

— Oui, répondit M. Sargeaz d’une voix grave. Je vous salue, monsieur, dit-il ensuite, mais froidement.

L’Anglais, de son côté, fit un profond salut et passa, troublé, sans répondre.

— Je le croyais ton ami ? dit à son père Mathilde étonnée.

— Il l’a été, répondit M. Sargeaz.