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UN DIVORCE

— Azof ! s’écria le jeune homme en écartant l’animal d’un geste impérieux.

La fillette, rassurée aussitôt, le récompensa d’un sourire, et le petit garçon, laissant retomber son bras, bien que tout ému encore par l’élan de vaillance qu’il venait d’avoir, considéra d’un œil intelligent et sérieux les deux étrangers.

— Ce doivent être les enfants de Claire, dit M. Sargeaz.

— Oui, répondit Fernand.

Le vieillard ouvrit les bras en souriant, et l’enfant se laissa embrasser avec confiance et simplicité, après quoi il demanda de même :

— Qui êtes-vous ?

— Ton grand-oncle, mon enfant, le père de ta tante Mathilde.

— Ah ! tu viens de Russie ? reprit Fernand.

— Oui.

— Tu m’en parleras de ce pays ?

— Certainement ; je t’y emmènerai même, si tu veux.

— Oh ! non, je ne veux pas quitter maman. Elle pleure ; tout le monde pleure aujourd’hui. Sais-tu pourquoi ? demanda-t-il d’une voix altérée, tandis que des larmes lui venaient aux yeux.

— Oui, mon enfant. Tu pleures aussi ?

Fernand se calma par un effort et répondit :

— Nous pleurons tous ; il n’y a que la petite, parce que c’est une enfant. Elle, elle rit comme à l’ordinaire. Cela leur faisait de la peine, et je l’avais amenée ici pour l’amuser, quand le chien nous a fait peur.

— Quoi ! tu as peur d’un chien, Fernand ?

— J’ai cru que c’était un loup, dit-il d’un air fin et