— Oh ! il arrive tant de changements ! s’écria Fanny ; par exemple, vous avez quitté Claire toute petite, et vous allez la retrouver bien différente. Vous avez appris tous ses malheurs ?
— Oui, madame.
— Pauvre Claire ! Elle a plus d’une émotion à la fois, tenez, la mort de son père et puis le mariage de son… je veux toujours dire de son mari… de M. Desfayes.
— Ah ! M. Desfayes se remarie ? demanda M. Sargeaz.
— Avec la Fonjallaz, mon cher monsieur ! s’écria madame Pascoud d’un accent indigné.
— C’est, en effet, scandaleux, répondit-il. Le mariage se fait-il bientôt ? demanda encore M. Sargeaz.
— Après-demain, monsieur. Oh ! c’est une honte ! Il paraît qu’elle aura une robe de moire bleu-de-ciel.
— Une robe de moire ! quelle infamie ! s’écria Fanny, une femme comme ça !
— Eh bien ! dit M. Renaud, elle se tient malgré tout fort convenablement, et n’a jamais donné à Desfayes le moindre sujet de jalousie. De plus, elle a très-bien fait ses affaires, car elle vient de vendre son café pour un prix double du prix d’achat. C’est une créature bien intelligente et très-séduisante, ma foi.
— Ça ne fait pas honneur à votre goût, dit Fanny avec aigreur.
Et, pour changer la conversation, M. Pascoud s’écria :
— Savez-vous, Sargeaz, que nous avons lu dans le journal, l’autre jour, le nom de votre fils ?
— Ah ! vraiment ?
— Quoi ! vous ne saviez pas ? Mon cher, il a été cité parmi ceux de nos Suisses qui se sont le plus distingués