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UN DIVORCE

— Peuh ! fit-il, impossible ! Tu ne le connais donc pas du tout ?

Claire se tenait debout, immobile, et chacune des paroles de Ferdinand était comme une pointe de glace qui lui tombait sur le cœur.

Elle aurait en beaucoup à dire, et cela surtout : c’est qu’elle se sentait l’âme pleine d’amour, de courage, de résolution, et que ce n’étaient point là des forces vaines… mais quoi ? si elles n’étaient pas en lui ?…

Ferdinand marchait toujours à grands pas dans la chambre, il s’arrêta près de la fenêtre :

— L’heure s’avance et la rue se remplit de monde, dit-il. Quand on te verra sortir d’ici, ce sera un nouveau scandale. Ah !…

Fort agité, il reprit sa marche ; puis il revint à la fenêtre de nouveau. Toutes ses préoccupations n’étaient plus que là ; et cela paraissait lui causer une véritable angoisse. Alors, s’approchant d’elle et lui prenant la main :

— Claire, nous avons eu tort ; je le regrette comme toi ; mais il faut subir sa destinée. Maintenant, tous projets sont vains. Écoute cependant : Je ne veux pas te réduire au désespoir. Et que ferais-je moi-même de ce pauvre enfant, trop jeune pour pouvoir te quitter encore ? Garde-le donc, je ne te le demanderai point. Tu me les enverras seulement de temps en temps, n’est-ce pas ? Et maintenant, adieu, ma pauvre femme ! Pars vite, avant que tous les magasins soient ouverts et qu’il y ait trop de monde dehors. Adieu ! répéta-t-il fortement ému, en la serrant une dernière fois dans ses bras ; je l’assure que je te désire tout le repos et toute la joie que tu puisses avoir.