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UN DIVORCE

Claire, sans répondre, entra, monta l’escalier et alla frapper à la porte de la chambre.

Une demi-minute de silence s’écoula, pendant laquelle un battement de cœur la prit à la pensée qu’il n’était peut-être pas là, qu’elle ne pourrait pas lui parler. Mais quand elle entendit la voix de Ferdinand, demandant : Qui est là ? elle ne put répondre.

— Qui est là ? répéta-t-il avec impatience.

— Moi ! murmura-t-elle enfin.

Il ne reconnut pas cet accent confus. Elle l’entendit grommeler quelques paroles ; puis se lever et marcher dans la chambre ; les pas se rapprochèrent ; la porte s’ouvrit.

M. Desfayes avait la figure d’un homme qui s’éveille ; il venait de passer à la hâte un pantalon et sa robe de chambre. En voyant dans l’ombre du corridor cette femme :

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il.

Elle releva la tête pour répondre ; il recula, en proférant une sourde exclamation. Claire entra, referma la porte et se tint debout devant lui. Elle ne pouvait parler, mais elle était une expression vivante de l’angoisse. Lui-même s’efforçait de se remettre de sa stupeur.

— Votre présence ici, madame, me surprend beaucoup. C’est vraiment un acte de folie. Je devine le sujet de votre désespoir ; mais il me semble que nous avons donné assez de scandale et qu’il serait temps que cela finît.

Elle retrouva la voix par un grand effort.

— Je suis venue, Ferdinand, vous demander pardon du mal que je vous ai fait… de toute la peine que je vous ai causée… Je les regrette cruellement. Demandez-moi quelque grand sacrifice, je le ferai. Je suis prête à tout,