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UN DIVORCE

et plia le genou devant elle en murmurant un mot… N’était-ce pas : Merci ! Mais il était dit si bas qu’il n’exigeait pas de réponse.

Elle rougit, et, confuse de ce qu’elle avait dit, elle se dégagea de son étreinte, et fit quelques pas, la tête baissée.

— Votre courage est admirable, Claire, dit Camille d’une voix émue ; mais n’est-il point supérieur à vos forces ? Vous allez trop souffrir ! Non, ne faites pas cela.

— Et mon enfant ! croyez-vous que je puisse l’abandonner.

— Non ! non ! et cependant c’est aux dépens de votre santé, peut-être même de votre vie que vous allez le protéger. Ah ! Claire, il eût fallu trouver un autre moyen, tenter l’extraordinaire, l’impossible, vous confier à moi, vouloir ! Vous disposez d’un homme dévoué, vous le savez bien.

— Mais je veux rester une honnête femme, dit-elle à voix basse. Je ne dois pas maintenant songer au bonheur ; il faut que j’accepte mon sort ; il faut que je reste malheureuse.

— Bien malheureuse !… et bien aimée !… dit-il avec passion.

— Oh ! alors !… répondit-elle sans songer à ce qu’elle disait ; mais l’expression de son visage avait donné tout leur sens à ces deux mots, et ils contenaient un aveu si naïf du bonheur qu’elle éprouvait à être aimée de Camille, qu’il en fut enivré.

Elle vit bien qu’il l’avait comprise, quand il se rapprocha d’elle, le visage transfiguré par une joie ardente. Mais il voulait qu’elle achevât.

— Alors, reprit-il en l’entourant de ses bras, et en la suppliant du regard, alors !…