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UN DIVORCE

Elle ne répondit point aux muettes questions de Camille, craignant sans doute qu’il ne combattît sa résolution et ne diminuât son courage.

Cependant, le petit Fernand ayant entraîné sa mère au jardin, Camille observa combien le séjour de Beausite était favorable à ce frêle enfant, et il ajouta :

— Vous passerez l’hiver ici, n’est-ce pas, madame ?

Claire ne répondit pas ; mais des larmes lui vinrent aux yeux.

— Ah ! vous partez ? s’écria-t-il. J’en étais sûr ! Quand partez-vous, Claire ? Où allez-vous ?

Elle ne lui demanda point compte du ton impérieux dont il la questionnait ainsi ; elle hésita un peu, et, sans répondre davantage, voulut retourner vers la maison ; mais lui, saisissant sa main, l’entraîna au contraire vers le fond de l’allée des noisetiers, où le jardin se terminait par une cloison de planches, peinte en vert, pour les espaliers, et qui, disjointe, laissait voir par ses interstices la prairie.

— Où allez-vous ? répéta-t-il ; vous ne devez pas me le cacher, Claire, vous savez bien… Ne me connaissez-vous pas ? vous défiez-vous de moi, madame ?

— Oh ! non ! dit-elle en accompagnant ce mot d’un regard qui le ravit. J’hésitais seulement à vous le dire, parce que… parce que cela vous fera du mal et que vous chercherez peut-être à m’en détourner, mais il le faut : M. Desfayes exige qu’on lui rende Fernand. Moi… vous devez le croire, je ne quitterai pas mon fils.

— Vous retournez habiter avec votre mari ? s’écria Camille.

Près de lui, monsieur, répliqua-t-elle vivement.

Le visage du jeune homme s’illumina d’amour et de bonheur. Il mit sur la main de Claire un ardent baiser,