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CHAPITRE II


Derrière la maison de Beausite, à l’entrée du bois de hêtres et de sapins qui garnit l’escarpement du coteau, et parmi lequel des sentiers en lacet descendent jusqu’au bord du Flon, se trouve, parallèle à la maison, une belle allée de grands hêtres, garnie de distance en distance de bancs rustiques. Une après-midi de juin, trois jeunes filles étaient assises sur un de ces bancs. C’étaient mesdemoiselles Grandvaux et leur cousine Mathilde Sargeaz.

Celle-ci, que nous n’avons pas bien vue l’autre jour, car auprès de sa cousine Claire on ne la remarque guère, n’est pas indigne d’attention. Il y a quelque chose d’étrange dans son large front blanc sous lequel éclatent des yeux noirs perçants et vifs, et dans sa bouche aux lignes fermes et un peu sèches. La transparence de son teint la ferait prendre pour une Anglaise ; mais sa figure au menton carré offre un type plus robuste et tout différent. Ses cheveux blonds sont relevés en bandeaux, et elle est vêtue très-simplement d’une robe de laine noire, avec un petit col montant.