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CHAPITRE XVI


Les premiers jours, Claire vécut dans une attente fiévreuse. Elle comptait de la part de Ferdinand sur des éclats de colère, sur quelque acte d’autorité, et le moindre bruit, un pas étranger glaçaient le sang dans ses veines. Il n’y eut rien cependant. Que pensait M. Desfayes ? Que se proposait-il ? On ne le savait.

La tante Charlet l’avait rencontré dans la rue, marchant de son pas ordinaire, et il avait eu l’impertinence de ne pas la saluer. Il avait l’air… elle ne pouvait trop dire comment. Tout ce que la tante Charlet avait pu savoir, c’est qu’il allait à son bureau comme auparavant, qu’il prenait ses repas chez madame Fonjallaz et rentrait chez lui vers dix heures, comme autrefois.

Car, dès le lendemain de la fuite de Claire, la tante Charlet était venue apporter à Beausite l’opinion du monde sur cette affaire. À voir seulement son air composé, Claire s’était trouvée mal à l’aise et avait senti peser sur elle un tas grondant de propos confus, plein de