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UN DIVORCE

déplut à Claire dès le premier abord. Aussi l’ajourna-t-elle pour prendre des renseignements.

— Mais, dit la fille, je suis engagée par monsieur.

— C’est impossible, objecta madame Desfayes. Monsieur n’a pu vous engager sans mon consentement.

— C’est pourtant bien comme j’ai l’honneur de le dire à madame. Monsieur m’a engagée, et même il m’a donné les arrhes.

— Il y a erreur, dit Claire fort émue. Je parlerai à monsieur ; je verrai… je vous ferai savoir.

— J’espère pourtant qu’on ne me manquera pas de parole, dit en partant la fille d’un ton arrogant.

Elle avait à peine quitté la maison que Louise entrait dans le salon, toute en hâte et fort essoufflée.

— Madame, c’est-il ça la fille qu’a trouvée monsieur ?

— Oui, c’est elle.

— Eh bien ! madame, merci, à Dieu ! je la connais. Eh ! pauvre madame !… Que je puisse mourir si ça n’est pas vrai, mais c’est une amie de la Fonjallaz, et même que c’est cette coquine-là qui sûrement nous l’envoie.

Claire pâlit.

— Vous êtes sûre de cela, Louise ?

— Sûre comme il y a un Dieu au ciel. Je n’ai jamais causé avec elle, mais je l’ai bien des fois vue au marché, portant le panier à madame Fonjallaz, et je sais par la Fanchette de vis-à-vis que, toutes les fois qu’on a besoin d’un quelqu’un de plus au café, on la fait venir, parce qu’elle est sans place depuis quelques mois. Eh ! je crois bien, elle est si méchante !

Claire envoya chercher sa cousine Mathilde, sentant que la circonstance était grave, et qu’elle avait besoin d’appui.

— Il n’y a pas à hésiter, dit Mathilde, tu refuseras de